Dialogue suspect, le Clitophon est un très court texte d'une petite dizaine de pages où Socrate demande à Clitophon de lui raconter ce qu'il a dit, à son sujet, à Lysias. En effet, Clitophon a un double discours sur Socrate, si d'un côté il loue le côté vindicatif de l'athénien, le fait qu 'il invite ses concitoyens à se soucier de leurs âmes. De l'autre, il regrette que ni Socrate ni ses disciples n'ont de réponses intéressantes de ce qu'est la justice.
Socrate montrerait ce qu'il faut chercher mais ne donnerait aucun conseil pratique pour y accéder, au grand regret de Clitophon. Ce-dernier va même jusqu'à accuser Socrate d'être un obstacle à dépasser. Dur dur … D'autant plus que Socrate ne peut se défendre.
Cela amène la question de l'authenticité du dialogue et contrairement à ce que l'on pense, le sujet est loin d'être clos pour le Clitophon (à la différence du 2nd Alcibiade par exemple). La moitié des commentateurs le place comme authentique, l'autre moitié non. Certains soulignent que son style est plutôt de la dernière période de Platon, et d'autres que le propos est plutôt jeune.
L'attaque est directe, vive, surprenante même. Mais le fait de ne pas avoir de réponse de Socrate peut amener à penser que nous n'avons pas l'entièreté du dialogue. Ou plutôt que celui-ci fut publié non-terminé. Volontairement ? Platon aurait pu écrire ce Clitophon comme introduction de La République. C'est, en tout cas, ce que l'Histoire aura retenu. Le Clitophon introduit et met immédiatement de côté les pensées vulgaires à propos de la Justice.
Le Clitophon peut également être vu comme une attaque envers le maître, dépassé, tardivement, par Platon, dans sa dernière période de vie. Mais là encore le doute est présent.
On ne sait pas si le texte est complet ou non, et à partir de cela, on peut hésiter sur l'authenticité et sur ce qu'il faut en faire. Qu'est-ce que le Clitophon ?
En dernière instance, un texte plutôt médiocre, dont l'intérêt n'est clairement pas là. Historiquement mystérieux et philosophiquement bien dépassé. Il loue Socrate mais lui fait des reproches bien loin de celles qu'on peut se permettre quand on connait le philosophe (en se basant sur les reconstructions possibles bien sur).
Le sujet, la Justice et le parcours philosophique sont finalement peu intéressant là. La Justice est survolée sans être travaillée, quant au parcours du philosophe, le reproche envers cette conversion philosophique est si superficielle et se base seulement sur des idées populaires que ce n'est guère non plus intéressant.
Je met spontanément 4/10 car ce dialogue n'a guère de mérite à être lu ou d'intérêt. Pour autant, c'est toujours un plaisir de relire des auteurs antiques, quand bien même ça ne serait pas Platon. Ca reste, cela dit, surfait et je préfère descendre à 3/10.