J'ai fini Silo en début d'aprèm, et décidé d'entamer Coeurs brisés, têtes coupées dans la foulée, parce qu'il me faisait de l'oeil depuis un petit moment. C'est la première tragédie de ma vie : trop de livres, pas assez de vies pour les lire tous. J'ai eu l'idée saugrenue de me mettre She & Him volumes un, deux et trois en écoute, quand la lumière extérieure est devenue trop rare pour me permettre de bouquiner dehors. Mauvaise idée, je suis un peu déprimée aujourd'hui. C'est ma tragédie du jour, je vais passer les fêtes de Noël à huit mille kilomètres de chez moi, je déprime. Lire Coeurs brisés, têtes coupées n'arrange rien.
Choquée par une première coquille au début du livre, j'ai boudé sur quelques pages. L'édition, c'est plus ce que c'était. Mais ça ne s'est pas reproduit, ou alors ce bouquin a réussi l'incroyable prouesse de m'embarquer si loin de l'existence que j'en oublierais les fautes d'orthographe. Surement un peu des deux.
J'ai adoré toutes ces références aux oeuvres philosophiques, littéraires ou cinématographiques qui ponctuent le livre. J'ai noirci des pages entières sur l'explosion interne qui ma touchée de plein fouet quand j'ai lu "Rushmore" en noir sur fond blanc. Mais je vous en fais grâce. Trop personnel. Et même avec ça, j'ai trouvé le moyen de finir ces pages en quelques heures, ce qui ne m'était pas arrivé depuis... un bail. Peut-être bien depuis Hunger Games tiens. Là aussi j'avais arrêté de dormir et de manger.
Bref, l'histoire aurait pu être banale : deux ados qui tombent amoureux au sein d'un lycée américain bourré de clichés et empreint d'un manichéisme lassant aka élèves populaires = méchants nerds = gentils. Mais ça va un peu plus loin que ça finalement. La chute est intéressante, et relativement surprenante. Relativement parce que je m'attendais à un truc tordu du genre, mais pas forcément à ça. J'arrête de spoiler.
Je savais que j'allais aimer ce livre à la seconde où j'ai lu la quatrième de couverture, un truc sur les tragédies personnelles. Parce que la tragédie, ça me connaît. Pareil, je vous fais grâce du résumé de ma vie personnelle, trop intime. Mais c'est un symptôme de mon bovarysme chronique.
Et dernière tragédie du jour (ou de la nuit, chez moi il est minuit quarante, chez vous surement 4h et des poussières), j'ai fini ce bouquin, je sais que je vais y penser, qu'il va me travailler pendant un bout de temps. Je sais que demain je ne travaille pas, et que c'est la porte ouverte à une longue journée de méditation à regarder la couverture sans oser ouvrir les pages, sans oser lire les lettres imprimées sur le papier. La tragédie des livres qui deviennent trop importants, dont on a l'impression qu'ils ont été écrits pour nous, quand ils ne sont aux yeux des autres qu'un passe-temps, voire un loisir qui dépasse l'entendement.