Bien loin de la jovialité cachée par son titre, Comédie New-yorkaise m'a quand même bien ennuyée. Récit pluriel mêlant plusieurs tranches de vie de plusieurs personnages, le livre transpose inquiétante étrangeté, ton satirique, personnages curieux et situations absurdes voire surréalistes. Un enchainement et mélange de genres qui m'a un peu déstabilisée.
Si, au premier regard, ces quelques tranches de vie n'ont rien à voir les unes avec les autres, tout se met en place assez rapidement, comme les différentes et nombreuses pièces d'un puzzle. Des récits ordinaires, fragmentés, parsemés de chagrin et d'incompréhensions, aucune poésie ni accroche particulière ne s'en dégage. C'est un texte simple à lire (lu en français) mais sans grand intérêt, pour peu qu'il parle de sexe/séduction (c'est omniprésent et vraiment lassant). C'est une suite d'histoires soit trop banales, soit définitivement pas assez et franchement incongrues (un homme qui attache des femmes face à un miroir jusqu'à ce qu'elles tombent amoureuses d'elles-mêmes ??? ; la relation Checkers/Donna dure alors que l'auteur passe 25 pages à nous pondre son personnage féminin comme pas DU TOUT attirée par Checkers???) et l'ensemble est sincèrement déséquilibré, inégal (pourquoi plus s'intéresser à des personnages tardivement présentés plutôt qu'à d'autres que l'on connait dès le début ? peut-être qu'il aurait fallu réduire cet éventail de portraits pour se concentrer sur l'historique de James et Patrick, puisqu'on finit par ne parler plus que d'eux). Néanmoins, on a quand même le temps de s'attacher à quelques portraits : la solitude de James, comblée par Otis l'ascenceur, est profondément sincère et l'on compatie rapidement à ce personnage, cruellement humain. Certaines images sont profondément poétiques mais n'arrivent pas à sauver les meubles.
On baigne donc pendant 300 pages, dans ces motifs absurdes, qui s'éloignent de la crédibilité de l'univers dans lequel ils apparaissent. C'est étrange, gênant, inconfortable (le récit sur le professeur et son étudiante est de loin un des meilleurs passages) : c'est un livre bien écrit si l'objectif est de nous faire ressentir ces choses-là. On est donc bien loin de ce que sont les traditionnelles histoires new-yorkaises romancées, fidèles aux clichés Allenien (c'est d'ailleurs étonnant pour moi de lire sur la quatrième de couv' que le roman est comparé à Sex and the city ou à un film de Woody Allen) et je crois que ma déception vient d'ailleurs de cette présentation éditoriale. Je n'ai pas accrochée au genre, ça ne m'empêche pas de saluer l'originalité du récit. Franchement déçue, heureusement que la couverture est magnifique (en format poche ce n'est pas celle du site).