Enfin.
C'était en 2008 que Greta Gerwig se frottait à la (co)réalisation pour la première fois. Figure du mumblecore dans la lignée d'un certain Cassavetes (Hannah Takes the Stairs, Baghead), l'actrice avait fait ses preuves plusieurs fois devant la caméra de son conjoint Noah Baumbach (on retiendra le superbe Frances Ha en 2013) et plus récemment dans 20th Century Women réalisé par Mike Mills et sorti en 2016.
Avec Lady Bird, l'actrice/scénariste signe un vrai premier film autobiographique abouti et maîtrisé du début à la fin.
Fan absolue de sa personne (et de son talent), j'attendais Lady Bird avec impatience et mes attentes étaient haut placées, même si le doute planait : était-ce possible que Greta Gerwig, cette actrice à la fois naturelle et spontanée, si brut et légère, ait également un don pour la réalisation ?
Do you think I look like I’m from
Sacramento?
On aurait pu s'attendre à un film inspiré ou impersonnel, comme le sont souvent les premiers films (surtout sur l'esthétique), mais il n'en est rien. L'écriture et la réalisation sont signées Gerwig et ça se voit. On retrouve alors l'adorable maladresse de Greta au travers du fantastique personnage de Lady Bird (interprété par Saoirse Ronan, tellement impliquée et sublime qu'elle nous en ferait oublier les rôles secondaires) mais surtout par les dialogues, très bien écrits et équilibrés entre sarcasme et sincérité. La réalisation révèle souvent des plans agréablement symétriques ou du moins excellemment bien construits pour nous le faire croire, propres, aux tonalités rosées/orangées. Malgré une petite baisse de rythme sur la dernière demi-heure et une fin coupée peut-être trop soudainement, Lady Bird s'affirme indéniablement comme l'une des meilleures réalisations de l'année 2018 (non, il n'est pas trop tôt pour dire ça).
Mais, finalement, qu'est-ce que Lady Bird ? Une jeune femme qui refuse son prénom, son origine et son milieu, une crise existentielle, un concept... Trois propositions dans lesquelles il est facile de s'identifier. C'est une lettre d'amour haineuse écrite à Sacramento par une adoratrice de la "East Coast". C'est une représentation soignée de cette ville tant détestée par la jeune femme. C'est un film sur le rapport parfois destructeur entre une mère et sa fille. Une réflexion sur l'amour, le sacrifice, le sens de la vie, c'est une quête de soi.
Qu'a donc fait Gerwig, si ce n'est que de s'être trouvée elle-même et de nous le raconter sur grand écran pour notre plus grand plaisir ? Peut-être aura-t-elle réussi à vous faire rire, à vous émouvoir, à vous faire rêver, à vous redonner espoir... En tout cas, sur moi, ça a marché.