Pour ce genre de roman d’intrigues super balisées, il faut d’emblée remarquer une bonne qualité d’écriture avec quelques fulgurances stylistiques.
Pour le reste, malheureusement, rien ne va. Les personnages ne sont que fonctions, sans profondeur, malgré de vaines tentatives. La mère héroïne s’en sort le mieux, mais le reste des personnages secondaires et tertiaires demeurent l’un mystérieux, l’autre psychotique, etc. avec une mention spéciale à la fillette. Lisa Jewell ne devant pas savoir comment incarner un enfant, elle fait de cette mouflette une mini-adulte soi-disant surdouée (alors que la sourdance n’empêche pas des traits enfantins et des remarques puériles).
Il faut dire que Lisa Jewell n’est pas doué non plus comme dialoguiste, les personnages s’expriment mécaniquement, pour faire avancer l’intrigue et sans conviction. Il reste l’impression qu’ils jouent tous très mal, notamment dans la scène de drague de bar mal fichue.
L’histoire laborieuse qui implique douze millions de circonstances alambiquées qui ne tient pas la route si on y pense plus de deux minutes. De surcroit, l’autrice ne laisse aucune zone d’ombre, privant le lecteur de faire appel à son imagination, tout est trop explicite et explicité ad nauseam, ce qui rend d’autant plus ridicule le « plan » de la méchante de service. Alors qu’une histoire de disparition invite au mystère, aux non-dits.
Au final, cela demeure un roman à l’intrigue mécanique dont on sent à chaque page l’intervention de l’écrivaine qui tente de nous berner au lieu de créer un univers, un moment, une ambiance. Les pièces de l’intrigue, les révélations semblent plus intéresser Lisa Jewell que de brosser ce que peut être la vie d’après une disparition, la vie en Angleterre, la vie en général.