Après le vibrant Migrants de Issa Watanabe, je ne pensais pas trouver un album parlant d’immigration qui me toucherait autant. Et pourtant… Comment mettre une baleine dans une valise ?, publié pour la première fois en 2018 par l’illustrateur espagnol Raùl Nieto Guridi, est une question philosophique qui invite à la réflexion sur l’importance et la valeur de ce qui compte le plus pour nous et que nous aimerions emporter si nous devions tout quitter. La baleine devient alors la métaphore de toutes ces choses qui représentent notre vie: objets, personnes, émotions, souvenirs… et que nous ne pouvons laisser derrière.
En achetant cet album, sorti au début de l’été, je pensais qu’il s’agissait plutôt d’une question métaphysique amusante qui inviterait à se questionner sur la possibilité de faire entrer quelque chose de très gros dans quelque chose de très petit, une question d’autant plus amusante que nous sommes en période estivale. Mais au fil des pages et de la lecture, il m’est rapidement apparu que le sujet est bien plus profond et plus grave, et que loin des vacances, il est ici question d’un voyage plus grand, un voyage sans retour.
Ce qui frappe le plus à la lecture c’est le minimalisme du texte et des illustrations qui disent pourtant beaucoup. A l’image de ce personnage non défini, au visage sans traits, un anonyme parmi tant d’autres, qui nous renvoie à nous-même et nous invite à plus d’empathie. Le vide des pages sur lequel se détachent les deux personnages crée un sentiment d’immensité renforcé par la différence de taille entre le personnage et sa baleine qui nous fait prendre conscience de la difficulté à réduire notre vie au minimum empaquetable.
Comment mettre une baleine dans une valise ? est un album fort et beau, touchant et bouleversant qui résonne terriblement avec l’actualité.
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