Un roman russe. Ou sibérien plutôt. Avec de généreuses rasades de vodka ou d'alcool distillé "maison" pour faire oublier aux autochtones qu'ils habitent un village plus perdu que Pétaouchnokov. A priori, Olivier Bleys, dans Concerto pour la main morte, joue sur du velours. Il introduit dans cet univers désolé un corps très étranger, un pianiste français, lequel ne peut que provoquer d'immenses secousses dans un lieu où les racontars sont, avec l'éventuelle rencontre inopinée d'un ours, le seul remède à un ennui carabiné, qualificatif également valable pour la cuite que certains se coltinent jour après jour. Le schéma du roman peut sembler classique, il est cependant transcendé par le talent de Bleys pour portraiturer des personnages fissurés qui poursuivent un rêve, un espoir ou une chimère avec une obstination qui force l'admiration. L'auteur a de l'affection pour ses sombres héros : un musicien peu doué mais lucide, un éboueur qui tente de se recycler, un ancien astronaute devenu ermite et hypnotiseur. Et il nous les fait aimer, décrivant avec ironie et jubilation, dans une langue extrêmement travaillée dans son apparente simplicité leurs relations tendres sous une écorce revêche. On se sent bien dans ce coin perdu de la taïga, on se fait de nouveaux amis et on lève volontiers son verre de vodka à l'amitié, à la musique et aux rêves, inatteignables ou pas, et à l'aventure qu'est la vie quand elle ressemble à une fable, brute et délicate à la fois.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Créée

le 25 avr. 2017

Critique lue 117 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 117 fois

D'autres avis sur Concerto pour la main morte

Concerto pour la main morte
Melody-Pond
8

La poésie de la musique

L’histoire se déroule en Russie, à Mourava, un petit village méconnu peuplé d’individus ayant une passion commune : boire de la vodka. Mais Vladimir Golovkine est différent. Il passe son temps à...

le 10 févr. 2015

1 j'aime

Concerto pour la main morte
Maxportnoy
8

immersif et juste! Comme un concerto

Je recommande fortement ce bouquin. Efficace, précis et bien écrit. L'intrigue monte en puissance d'une façon progressive et on a envie d'en savoir plus à chaque tournure de page! A lire!

le 15 mai 2019

Concerto pour la main morte
Cinephile-doux
6

Du côté de Pétaouchnokov

Un roman russe. Ou sibérien plutôt. Avec de généreuses rasades de vodka ou d'alcool distillé "maison" pour faire oublier aux autochtones qu'ils habitent un village plus perdu que Pétaouchnokov. A...

le 25 avr. 2017

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 27 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

70 j'aime

13