Peter et Rebecca représentent le couple new-yorkais par excellence : il dirige une galerie qui commence à compter, elle est éditrice d'un magazine sur la mode et l'art. Ils sont riches, possèdent un superbe loft à Soho, fréquentent des amis brillants et importants...
Mais lorsque Mizzy, le jeune frère de Rebecca, qui nous est décrit comme une beauté crépusculaire (tiens !), un « Rodin de bronze », presque androgyne, musclé, sensuel et perturbé (la drogue détruit sa vie sociale et professionnelle), rien ne va plus. Car si Peter n'est pas très chaud pour héberger quelques temps un branleur drogué, il va en tomber amoureux.


La quatrième de couverture reste mystérieuse à ce sujet, laissant entrevoir un grand roman romantique, sensuel, douloureux. Mais il n'ayez crainte, il n'en est rien !
Premièrement, on se demande ce qui est arrivé à l'auteur du prix Pulitzer et du PEN/Faulkner Award (pour Les Heures). L'écriture est loin de mériter un prix ici. Si dans la deuxième partie du roman, elle peut être qualifiée de banale, elle est carrément brouillon dans la première partie ( des « il y a », des « tu fais ci, tu vas là », des questions narratives à n'en plus finir « et ensuite ? », « quels sont les fantasmes de Mizzy ? » « que lui arrive-t-il ? » « comment est-ce arrivé ? » « N'a t-il pas vu cent fois ce Rodin ? » « Vraiment ? » « Qui peut voir la différence ? »...).
Deuxièmement, certains passages frisent le grotesque. Eric Neuhoff, dans Le Figaro, résume très bien : « Le ridicule se glisse petit à petit dans cette version Manhattan de Théorème. Comment peut-on avoir écrit Les Heures, La Maison du bout du monde et produire cette sitcom en caractères d'imprimerie ? Le roman «gay» vient de faire son entrée dans la collection «Harlequin». Il était temps. »
Troisièmement, alors qu'on nous promettait un chef d'œuvre, le roman manque de profondeur, de hauteur, de volonté. À la moitié du roman, j'avais toujours l'impression d'être dans la situation d'exposition... Michael Cunningham semble fatigué, un peu comme quelqu'un qui se repose sur ses lauriers, mais qui a tout de même mis cinq ans à proposer ce faiblard roman de gare qui satisfera même pas les fans de Marc Lévy.

Excepté pour quelques réflexions sur l'art (certaines œuvres contemporaines, la perception qu'on en a, etc.), vous pouvez allègrement passer à côté du dernier Cunningham. Replongez-vous plutôt dans Les Heures, Le Livre des jours, De chair et de sang ou La maison du bout du monde. C'est plus sûr.
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le 2 avr. 2012

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