DMT reprend exactement là où se terminait L'artiste au couteau, 3e suite de Trainspotting si je ne me trompe pas (après Porno et Skagboys, qui était en fait un préquel -vous suivez ?-) qui se concentrait sur le personnage de Begbie.
Irvine Welsh en profite pour développer certains des personnages secondaires qu'on a déjà rencontrés par le passé, et en crée de nouveaux. Mais on ne va pas se mentir, ceux qui nous intéressent resteront toujours les quatre anciens amis de Leith : Begbie, Renton, Sick Boy et Spud. Le terme "amis" est ici à prendre avec des pincettes, car il n'est peut-être pas le plus approprié pour décrire les relations d'amour-haine, attraction-répulsion, qui les unissent...
Ce qui est cool, c'est qu'Irvin Welsh ne trahit jamais ce qui fait l'essence de ces quatre là : leur évolution individuelle tient bien la route. Renton est crédible en tant que manager de DJs, qui s'en sort plutôt bien dans la vie même s'il garde cette capacité innée de se mettre régulièrement dans la merde par ses choix foireux. Begbie, malgré l'apparente réussite sociale et professionnelle qu'il s'est façonnée, reste un psychopathe ultra-dangereux qu'il ne vaut mieux pas croiser dans une ruelle tard le soir. Spud reste le looser sympathique et touchant qui stagne dans sa vie depuis Trainspotting. Et Simon assied sa position de fils de pute le plus flamboyant et arrogant de la littérature écossaise (c'est vraiment une véritable ordure).
Par contre leur histoire collective me semble plus difficile à avaler : Renton voyage sans cesse à cause de son métier, Begbie vit désormais aux Etats-Unis, Sickboy est à Londres alors que Spud est resté à Edimbourg et du coup, ça devient difficile de les réunir au même endroit au même moment. Et pour y parvenir, Irvin Welsh imagine des situations qui deviennent aussi rocambolesques qu'improbables (cette histoire de rein, franchement ?!). Un peu comme s'il était devenu le showrunner d'une série à succès et qu'il continuait à développer de nouvelles saisons alors qu'il n'en avait prévu qu'une seule à la base : pour continuer la métaphore, je dirais que si on continue à regarder/lire la licence Trainspotting, c'est surtout parce qu'on aime bien l'univers développé à la base et ses personnages. Attention ! Je ne dis pas que c'est mauvais (certains épisodes sont tout de même sacrément drôles, et la qualité de l'écriture reste la même), mais j'ai l'impression que pour compenser l'absence d'un scénario vraiment solide, on a droit à un bon lots de ruptures, de réconciliations, de trahisons, de coups de théâtre, et ... de décès (je ne vais pas spoiler, mais ça fait chier), comme dans tout bon drama qui se respecte. La fin du livre est d'ailleurs ouverte, et on sait qu'il y aura une suite, tout comme on sait déjà qu'on la lira, curieux d'observer comment tout ce petit monde va continuer à vieillir sous nos yeux.