Un contre-point délicieusement cynique à l'Education Sentimentale
« Fais attention, Sancho, à ne pas mâcher des deux côtés à la fois, et à n’éructer devant personne.
- Je n’entends pas, dit Sancho, ce mot d’éructer » (Cervantès, Don Quichotte, Partie II, chapitre XLIII ; citation liminaire du récit).
Et il va pourtant falloir l’entendre, cette éructation de Dachau, ce rot-rire corrosif, ce vomissement de paroles à la destinée incontrôlable !
Dachau Arbamafra est un anti-roman initiatique : on y suivra l’éducation et le destin ubuesque d’un enfant né au mépris de toutes les conventions sociales, porté comme un hématome par une « presque vieille », nommé contre la raison (« le mal absolu est intenable. [..] Le mal est voué au néant, Dachau ne pouvait pas durer. A peine avais-je entendu ce nom – on verra comment et par qui- que je décidai de m’en emparer, puisqu’on me le laissait à moi, abruti, nu et niais »), grandi à Thou (lui qui n’est rien) malgré les précautions prises pour qu’il n’existe pas (ou plutôt : qu’il cesse d’exister, que l’aberration imbécile s’arrête d’elle-même), toisant le néant où on voudrait le confiner, lui, l’étrangeté terrible, l’« idiosyncrasie messianique », l’indigne d’éloges (ce n’est pas faute de crier « louez-moi ! »), l’incarnation de la transgression ricanante («Dachau veut dire Je te désire »).
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