Forcément, on n'attendait pas Anita Nair dans le registre du roman d'aventures historique. Mais à l'instar d'une Isabel Allende ou d'une Elif Shafak, la romancière indienne montre que le genre peut-être rehaussé quand ce ne sont pas des spécialistes qui choisissent cette voie nouvelle. Cependant, le début de Dans les jardins du Malabar peut apparaître un peu confus. Il l'est de moins en moins au fil des pages se concentrant sur le personnage d'Idris le somalien et ses pérégrinations, ce qui n'empêche pas les digressions, les descriptions fascinantes du sud de l'Inde au milieu du XVIIe siècle et, dans sa deuxième partie, du Sri Lanka. Récolte de perles sous-marines, affaires commerciales, recherche de diamants : la vie d'Idris n'est pas un long fleuve tranquille. Sa quête est celle d'un rêveur actif, le genre de héros ténébreux, à la Corto Maltese, qui aime la tranquillité et gober les étoiles la nuit venue, mais dont le statut d'étranger partout où il se rend l'oblige souvent à prendre ses responsabilités et des risques jamais inconsidérés. D'autant qu'il s'est découvert un fils aussi noir de peau que lui et sur lequel il doit veiller. Ajoutons pour compléter le portrait que Idris est un être sensuel qui aime les femmes et est aimé d'elles. Anita Nair réussit à maintenir un équilibre entre les scènes épiques (modérément) et contemplatives sans oublier le thème fondamental de son livre : la liberté. Celle des femmes que rencontre le héros de Dans les jardins du Malabar et celle d'Idris lui-même. A une échelle plus grande, il s'agit de celle des peuples, avec la présence oppressante des occidentaux et au sein même de la société indienne, marquée par les castes. Si le roman est avant tout historique, il n'est pas interdit d'y voir plus que des références à la société indienne d'aujourd'hui. Riche et dense, Dans les jardins du Malabar contourne assez aisément les clichés de l'exotisme grâce à une écriture ample et poétique qui semble toutefois se méfier de la flamboyance. Dans les jardins du Malabar se termine par une conclusion ouverte : ce n'est que le premier tome d'une trilogie annoncée. On ne demande qu'à lire la suite des aventures d'Idris, le voyageur (presque) sans bagages.

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le 17 déc. 2016

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