Cette traduction en alexandrin non rimés rend certes gracieux les passages poétiques, mais les trois quart du livre consistent en des explications rhétoriques sur la conception épicurienne de la physique atomiste. C'est plus rébarbatif à lire qu'autre chose car ces passages là auraient gagné à être retranscrit en prose, comme Molière en eut le projet.
Autre problème : la ponctuation. Le texte latin en vis-à-vis contient plus de points et de point-virgules que la version française qui se contente de virgule induisant parfois des confusions sur le sens : difficile de savoir si un bout de complément se rapporte au groupe verbal précédent ou au suivant. Et le choix de débuter chaque vers par une majuscule, au lieu de les réserver aux débuts de phrase, ajoute à la difficulté de lire fluidement, obligé de revenir en arrière pour chercher le discret point final et le début de phrase qu'on a loupé.
Finalement, en suivant sans raison des règles de versification françaises classiques, cette traduction cherche à forcer des ronds dans des carrés. Le sens y est, sans doute, et certains vers n'ont pas été écrits sans talent, mais on sent bien une inadaptation de la forme au fond, et la lecture se transforme vite en corvée.