Le roman "De synthèse" de la québécoise Karoline Georges ne sera pas l'un des romans marquants de 2022. Je me suis globalement ennuyée, ceci dit, une fois cela dit, cela ne vous renseigne pas vraiment sur l'oeuvre en elle-même.


Une jeune femme - déjà, ça partait mal, je n'aime pas quand le personnage principal, ici la narratrice, n'a pas de nom - top model de profession s'invente plus ou moins volontairement une existence virtuelle. Après une carrière sur les podiums d'une dizaine d'années, elle se retire chez elle à Montréal comme en une grotte pour vivre à travers les livres et les films qu'elle lit et regarde en continu, en quête d'un idéal esthétique et d'une identité par l'image. Nous sommes alors dans les années 80/90 et l'émergence d'internet au cours de la décennie suivante va donner une dimension encore plus profonde à sa vie d'ascète, cloîtrée dans son appartement, coupée du monde réel, vivant et ressentant ses émotions à travers Anouk, son avatar. Coupée également de son père et de sa mère, éternels incompris de leur fille unique jusqu'à ce que la vieillesse et la maladie place la narratrice devant un semblant de responsabilité filiale.


Karoline Georges déploie plus d'énergie que de talent à analyser le rapport de son héroïne (et donc du lecteur par la même occasion) à la virtualité galopante de la société. A priori, cela n'a rien de stupide, c'est un vrai sujet, un phénomène sociétal croissant et qui a de quoi faire flipper. Toutefois, j'ai trouvé son traitement trop égocentré autour de cette narratrice anonyme.


Anonymat qui est au coeur du récit et du sujet puisque grâce à un avatar, il est possible de se déposséder de son identité pour se fondre dans l'humanité, y apporter sa personnalité sous forme de posts, de performances, d'oeuvres artistiques, d'applications, que-sais-je encore. Si le but de l'auteure était de créer une sorte de malaise lié à cet anonymat, c'est plutôt réussi ; mais je m'interroge alors sur la nécessité de développer ce thème en même temps que le plus traditionnel rapport parents-enfant qui ôte de mon point de vue pas mal de l'originalité du roman, en le plombant de quelques poncifs sur le conflit de génération.


Une lecture que j'ai abordée en pensant qu'il serait question de science-fiction ou de dystopie et qui s'est finalement révélée une sorte de biographie fictive aux allures de témoignage sur l'impact de la transition numérique sur la société. Etrange.

Gwen21
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le 9 juin 2022

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