Après deux excellents romans : Laissez parler les pierres et Indice de bonheur moyen, ce dernier évoquant la crise économique et sociale portugaise, l'auteur lisboète David Machado signe avec Des abeilles sous la peau son livre le plus noir mais pas le moins captivant. Trois récits se succèdent, à différentes périodes, tous connectés à un traumatisme subi par une jeune femme. Chacune des parties du roman a son style propre : le premier raconte la dépression de Julia après des sévices corporels qui l'ont laissé hagarde, le second décrit les tâtonnements d'un écrivain dans la progression de son roman, le troisième livre les réflexions d'un enfant confronté aux phobies de sa mère. Tous les personnages sont confrontés à la violence avec comme premier réflexe de se réfugier dans la solitude et de refuser les contacts avec le monde extérieur. Mais comment peut-on vivre ainsi ? Le remède et le choix de s'ouvrir pour guérir et enfin de faire confiance aux autres se trouve dans le dernier segment du livre. L'écriture de Machado est singulière, proche du conte parfois, créant un suspense émotionnel très fort, suggérant plus que révélant le passé de ses protagonistes. Le lecteur ne peut qu'être happé et passionné par ces existences meurtries de personnages qui nous sont si proches que l'on ressent de manière physique chacune de leurs angoisses avec le ferme espoir que la lumière pénètre enfin dans leur vie. C'est dur mais c'est beau.

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le 16 juin 2019

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