Affligeant !
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Certains livres sont l'expression d'une grande colère, d'injustices contre lesquelles il n'est pas question de baisser les bras. La rage qui s'y glisse a alors quelque chose de libérateur, de cathartique. Des fourmis dans la bouche, de Khadi Hane, romancière sénégalaise installée en France, n'est pas fait de cette étoffe-là. La colère qui gronde dans le coeur de Khadîja, au fil de son monologue, crée un malaise profond, tant on est partagé entre une compassion gênante et une incrédulité montante. Khadi Hane caricature t-elle à l'envi les conditions d'existence de cette malienne de 32 ans, habitante du quartier Château-Rouge à Paris (dans les années 90), élevant seule ses quatre enfants, dans le plus grand dénuement ? Ou bien est-elle conforme à une vérité tellement criante que personne n'y prête vraiment attention ? Le livre est clairement scindé en deux parties : la première, adoucie par l'humour et l'ironie est relativement confortable pour le lecteur ; la deuxième est enragée, tout y est objet de rejet pour Khadîja : la froideur de l'assistante sociale qui menace de lui prendre ses enfants ; la démission de son ex-amant, blanc, et père de son dernier fils, qui ne veut plus d'elle ; la condamnation unanime de sa communauté qui l'humilie (voir la scène du Conseil des sages, dans un sous-sol de Sonacotra, où elle se rebelle avec une incroyable violence contre les "traditions" africaines). Sans parler du tableau qu'elle brosse de la vie au pays, quand, fille nubile, elle est donnée en mariage, en pâture devrait-on dire, à un vieillard libidineux. Khadi Hane, à travers sa douloureuse héroïne, déverse son fiel contre le communautarisme, le racisme, qu'il soit blanc ou noir, et plus largement les règles patriarcales qui prédominent, aussi bien au Mali qu'à Paris. On finit hébété devant un tel torrent de bile que rien ne semble pouvoir arrêter. Aimer un livre pareil est impossible. Y rester insensible, également.
Créée
le 12 janv. 2017
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