Cet avis est en fait valable pour les 6 tomes.
J’ai vécu pendant 6 semaines avec cette saga. 6 semaines durant lesquelles j’ai appris à connaitre son univers, ses personnages,… 6 semaines où ces livres m’ont épargné l’ennui des transports en commun.
Au début j’étais dubitatif mais je suis atteint d’une grave maladie la « tu-finiras-quand-même », maladie très grave s’il en est puisque je dois finir ce que j’ai commencé. A la fin du 1er tome je n’y croyais pas, pensant m’être lancé dans une entreprise à laquelle je n’allais pas pouvoir échapper, où j’allais m’ennuyer. Le 2ème tome m’a paru meilleur que le 1er, le 3ème meilleur que le 2ème, et ainsi de suite. Puis je me suis rendu compte d’un truc. Au fur et à mesure que j’avançais dans cette épopée fastidieuse, je découvrais quelque chose. Je me rapprochais de l’univers conté, je m’intéressais à ce qui allait se passer. Comme une personne qu’on rencontre au début avec un contact peu chaleureux et puis plus le temps avance, plus vous trouvez sa compagnie plaisante, pas indispensable mais plaisante.
Les aventures de Rhapsody furent donc mon interlocuteur durant ces 6 semaines et je dois dire qu’au final j’ai apprécié tout en étant frustré par les nombreux défauts de ces ouvrages qui ne demandent qu’à être aimés.
Commençons avant tout par les bons points. Les livres sont bien écrits, ce n’est pas de la grande littérature mais ça se lit facilement sans l’impression d’être pris pour un idiot. Du coup, lire en moyenne 100 pages par jour ne me paraissait pas lourd, le style est propre et assez bien construit et dieu sait qu’on ne peut pas en dire autant de mes critiques.
L’autre point fort c’est le background. Sans être exceptionnel ce dernier tient très bien la route, est facilement compréhensible et offre un socle assez solide pour soutenir la suite des événements. Des bribes d’histoire nous arrivent donc au fur et à mesure que l’on poursuit la lecture. Découvrant les caractères cachés des personnages qui ont construit le présent du livre. L’univers est lui aussi assez plaisant mais encore une fois, pas extraordinaire. Cette partie est donc, à mon sens, la plus réussie du livre.
Les personnages en général sont corrects sans plus. On ne découvrira rien de sensationnel quant à leur histoire et pour certains c’est tant mieux. Achmed par exemple reste très mystérieux et cela colle bien au personnage décrit. On aura donc le droit à une pléthore de personnages avec en tête de gondole Rhapsody. Rhapsody la prude, Rhapsody la timide, Rhapsody la magnifique, Rhapsody, Rhapsody, Rhapsody,… Elle est… Comment dire, attachante mais aussi terriblement énervante par moment. C’est dans son caractère d’être comme ça mais le lecteur avec un point de vue omniscient sur ses scènes ne peut s’empêcher de la traiter de cruche à être aussi bornée. Du coup on aime ce personnage principal avec modération, elle est trop puritaine, trop sainte et gentille, ce qui fait que lorsqu’elle est décrite comme une guerrière forte, on a du mal à y croire, surtout quand elle est confrontée aux autres.
Mais voilà que le tableau commence déjà se noircir qu’arrive pour moi le plus gros défaut, « It’s all part of the plan ». Si vous vous souvenez, dans The Dark Knight le Joker explique pourquoi les gens n’ont pas peur quand tout fait parti du plan. Le problème de la saga de La Symphonie des siècles se trouve ici. Tout fait parti du plan. Tout est trop écrit à l’avance, que ce soit avec les fameuses prédictions ou encore les quelques passages avec le méchant où il nous dit que tout se déroule comme prévu. Du coup si tout se déroule comme prévu, pas de problème, pas de raison d’avoir peur pour les personnages puisqu’ils sont partie intégrante du plan et qu’ils sont la touche finale.
Vous saisissez l’idée ? On ne peut avoir peur pour les héros car on sait qu’ils vont s’en sortir, on le sait car le livre a besoin qu’ils s’en sortent pour continuer à exister. Et voilà donc des batailles où ils se retrouvent à l’article de la mort, le corps gisant avec une blessure mortelle et… ils survivent, parce qu’on a besoin d’eux. Le sentiment de danger n’existe pas ou peu dans cette saga. Toutes les morts sont prévisibles, toutes les révélations sont trop plates. On est pas actif, on est passif.
Un autre point raté est celui de la recherche du méchant. Jusqu’au dernier livre on ne sait pas qui est le méchant. On a des doutes puis en fait non c’était pas lui. Du coup on était en droit d’attendre un vrai retournement de situation, que nenni, le méchant en question, qu’on recherche depuis 5 tomes et demi est en fait un personnage secondaire dont on n’a presque pas entendu parler et qui se fera défoncer la gueule en moins d’une cinquantaine de page. Frustration vous dites ? Oui et elle a atteint ici son paroxysme. Heureusement le livre décide de ne pas en rester là sous peine de subir les revers de la part des lecteurs et se poursuit pour une histoire moins passionnante vu que l’obstacle présent depuis le début est éliminé.
Pareil, si vous vous attendez à des batailles de fou, comme on vous parle tout le temps de guerre comme quoi ça va exploser, abandonnez cette idée. Vous n’aurez jamais cette bataille. En fait le nombre de batailles se compte sur les doigts d’une main presque. Le reste du temps ce sont les personnages qui progressent, qui voyagent. Martine va à la campagne, Martine apprend à maitriser l’épée, Martine perd sa virginité, toussa toussa. En tant que lecteur j’ai eu l’impression d’avoir été trompé, qu’on m’ait raconté des inepties et je le supporte assez mal. Vous vous voyez prévenu !
Dernier défaut mais celui-là est assez faux, le découpage des livres est ridicule. Mais passons au-delà du fait que l’ensemble n’aurait dû faire que 3 tomes et concentrons-nous sur le but de ces tomes. Une fois arrivé à a fin du 1er gros tome, que s’était-il passé qui méritait qu’on passe au 2ème ? Rien, pas même la fin d’une petite quête, on arrête là parce que c’est le désir de l’auteur. Le seul tome qui se termine sur quelque chose, c’est le 3ème et ce n’est que la moitié du vrai tome 2 pourtant. Bref j’ai lu les livres d’une traite, les possédant tous, mais pour ceux qui les ont lu à leur sortie, ben purée y’en a plus d’un qui a dû rager.
Au final La Symphonie des Siècles c’est quoi ? Ce sont des compagnons de voyage sympathiques qui vont vous divertir sans jamais vous impressionner. A la fin on regrettera de ne plus les voir et surtout moi qui ai passé un mois et demi en leur compagnie, mais dans deux semaines ce sentiment sera sans doute dissipé pour laisser place à l’envie de lire autre chose.
Ces livres ne sont pas mauvais, ils sont juste terriblement académiques dans leur construction et ne font preuve d’aucun trait de génie. Du coup quand bien même ils ne sont pas désagréables à lire, ils laissent une impression de fade, ce qui est mieux qu’un gout amer dans la bouche. J’ai apprécié mais y reviendrai-je un jour ? Je connais déjà la réponse et j’espère qu’ils trouveront une autre personne à divertir à ma médiathèque. Adieu camarade, tu fus agréable mais pas inoubliable.