Quelques décennies après son Traité de la Nature Humaine et ce qu'il considéra alors comme un échec, Hume continue de vouloir vendre ses conceptions philosophiques. Considérant que la source de son infortune est dans la forme de son propos, il continue de réécrire ces thèmes, souvent en les simplifiant, rarement en les réformant. La dissertation sur les passions est une version de 30 pages du propos du Livre II du Traité. C'est-à-dire une synthèse extrêmement réduite d'un travail originel d'environ 300 pages.
Ainsi, si l'idée d'expliquer la source des passions est toujours présente et qu'on continue d'avoir de nombreuses idées humiennes novatrice, on perd la substantifique moelle de Hume. Ce n'est pas nouveau, personne n'a aussi mal jugé l’œuvre de Hume que Hume lui-même. Cherchant à se faire comprendre du grand public de son temps, il perd pour les siècles futurs l'intérêt qu'il avait trouvé.
En effet, la profonde capacité de Hume à expliquer, de manière précise, minutieuse même, le fonctionnement de l'ensemble des passions humaines par la différence entre le plaisir et la souffrance selon l'objet concerné, faisant le célèbre carré amour/orgueil/haine/humilité devient ici beaucoup plus simple.
Hume, à l'origine, n'avait de cesse de remettre le propos en rapport avec ses théories de l'entendement, des idées, des impressions. Ainsi la liaison était sublime. Certes, le Traité était un ouvrage difficile par sa longueur, dont la compréhension d'ensemble ne se réserve qu'à ceux qui le désirent vraiment, mais ainsi il offrait un système complet, intelligent et cohérent.
Ici, Hume ne fait que copier le Traité des passions de Descartes. Certes, le but n'est pas là, il est d'être compris par le grand public, car Hume veut une philosophie concrète, utile et utilisée. Mais se faisant il doit sacrifier son génie.
Si on appreciera le style et notamment les excellents exemples, on remarquera que les meilleurs passages sont des copiés collés intégraux du Traité. Hume lui-même savait-il qu'il avait écrit un sommet qu'il ne pouvait espérer dépasser ?
Ainsi, on ne perdra pas trop de temps sur un pareil texte. On préférera lire le Traité de la Nature Humaine, plus long, certes, plus difficile, mais plus utile aussi il me semble. En effet, si l'on veut réformer les mœurs humaines, si l'on veut changer l'agir humain, il m'apparaît que des textes bien plus efficace existent. Le problème de cette dissertation c'est qu'elle risque de donner à son lecteur une vision faussée du génie humien et le limiter à quelqu'un qui évoque, rapidement, la naissance des passions.