On n'est jamais complètement à l'aise dans Dompter la bête d'Ersi Sotiropoulos. Avec la romancière grecque, le grotesque côtoie le tragique et le réalisme s'efface parfois devant un fantastique incongru. Aris Pavlopoulos, son héros, est un drôle de type. Obsédé sexuel notoire -le livre commence avec une érection matinale- en chute libre dans sa carrière professionnelle -de secrétaire d'Etat à conseiller d'un ministre avant de n'être plus rien- il subit une vie familiale sans intérêt, avec une épouse glaciale, un fils qu'il ne comprend bas et une mère alcoolique, proche de la tombe. Reste ses deux maîtresses, l'une réelle, avec laquelle il se livre à des jeux érotiques qui peinent à réveiller sa libido, l'autre chimérique, la poésie, puisqu'il rêve d'écrire les vers ultimes qui le consacreront aux yeux de la communauté littéraire athénienne. Sotiropoulos s'amuse beaucoup à épingler la bonne société grecque, ses vices et ses concussions, mais le lecteur reste à distance, perplexe, car ne sachant sur quel pied danser. Ersi Sotiropoulos a écrit trois recueils de nouvelles, non traduits en français, où ton son art du contrepied fait, parait-il, merveille. On ne demande qu'à lire.

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le 13 avr. 2017

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