Dernier de la liste ? Pas tout à fait en fait, puisque je me suis avisé d'un nouvel opus, La jeteuse de sorts, mais qui n'est pas encore paru en édition de poche. Donc, mon défi Fidelma, entamé il y a maintenant quelques années n'est pas encore complétement terminé. Et c'est heureux, car Tremayne n'est aucunement frappé de gâtisme, j'aurais même tendance à penser qu'il est comme le bon vin.
Il renoue avec ici, dans un épisode d'excellente facture, avec un registre qu'il n'a que peu exploité, celui-ci du huis-clos villageois, dont "La plume empoisonnée" d'Agatha Christie est l'un des monuments. Comparaison nullement usurpée à mes yeux, tant les deux ouvrages évoquent un lieu calme et tranquille, en apparence baigné de paix et de bienveillance, et dans lequel vont peu à peu remonter à la surface les plus bas instincts de l'humanité.
Et Tremayne de se faire plus virulent que jamais, tapant tantôt sur le catholicisme romain (incarné par le prédicateur le plus haineux qu'il ait jamais mis en pages, et pourtant dieu sait que ce n'est pas le premier à hanter ses romans), tantôt sur la propriété privée qu'il oppose à la propriété collective telle qu'elle était pratiquée à l'âge d'or de la civilisation gaélique. A tel point que j'ai eu l'impression par moments de lire un bouquin politique.
Bon, n’exagérons pas non plus, Tremayne n'est totalement anarchiste : Fidelma n'incarne-t-elle pas la loi et l'ordre ainsi que la puissance de l'état ? Mais bon, quand même, il promeut dans cet épisode un modèle de société, censé avoir réellement existé il y a plus de quinze siècles, mais bien plus progressiste que celui de bien des civilisations qui ont dominé le monde beaucoup plus tard...