En romance historique il y a de tout et il faut reconnaître que c’est très souvent décevant. C’est un genre de lecture que je découvre encore et qui me permet surtout de me détendre, la lecture étant légère et ne nécessitant pas une attention exclusive. C’est dans l’optique d’une lecture détente que j’ai découvert Edenbrooke et qu’elle ne fut pas ma surprise d’être captivé d’un bout à l’autre du roman. Bien entendu comme tout roman du genre il est prévisible mais l’écriture et surtout l’authenticité des personnages sont un atout majeur qui nous entraînent facilement dans la compagne anglaise sous la régence.
Julianne Donaldson donne vie à une jeune fille de dix-sept ans qui tout en étant éprise de liberté et de ballades dans la nature sait se tenir en respectant les règles de bienséances. Ayant perdu sa mère dans un accident quelques mois plus tôt, elle est envoyée chez sa grand-mère à Bath où elle s’ennuie profondément. Aussi lorsque sa sœur jumelle l’invite à venir passer l’été chez des amis dans le Kent, elle se fait une joie d’accepter. Elle y voit là l’occasion de s’amuser, de quitter la vie citadine qu’elle abhorre pour le calme et la liberté qu’offre la campagne. Marianne est une jeune fille attachante qui, ayant grandi dans l’ombre d’une sœur solaire, manque de confiance en elle et n’a pas conscience de ses atouts. Elle ne manque pas d’esprit ni d’humour et malgré les tristes événements qui lui sont arrivés, elle ne s’apitoie pas sur son sort tout en restant sensible et fragile. Il est facile de s’attacher à elle, sentiment renforcé par une narration à la première personne du singulier.
Philip n’a rien à lui envier et apparaît tout aussi réaliste que Marianne. Tout en étant classieux et séduisant, il n’est pas décrit comme une beauté divine, il a lui aussi des souffrances et désire être aimé pour ce qu’il est et non pour son titre ou sa fortune. Intelligent et séducteur, il fait preuve de beaucoup d’humour tout en étant fiable. La rencontre de ces deux personnages apparaît naturelle et la naissance de leur attachement mutuelle l’est tout autant.
Les personnages secondaires, bien que peu présents, ne sont pas en reste. J’ai beaucoup aimé la grand-mère de Marianne qui a la diatribe facile ainsi que la femme de chambre de la jeune fille, véritable commère.
Bien que la romance soit prévisible, elle reste belle et réaliste et l’auteur apporte quelques événements qui relancent l’intrigue avec plaisir voir un peu de surprise. Pas de scènes de sexe poussives, ici les convenances sont respectées d’un bout à l’autre du roman et c’est vraiment agréable. Sans en faire trop, Julianne Donaldson signe un texte moderne aux dialogues crédibles pour l’époque concernée. Un premier roman de qualité pour une jeune auteur dont je vais suivre les publications. Ce n’est pas du Jane Austen mais on s’en approche…
Edenbrooke