Ave Cive: qui electi erunt te salutant !

Dans l'arène politique, entrent les gladiateurs des temps modernes: ils sont prêt à toutes les bassesses pour parvenir au lieu le plus prisé des Enfers: les Champs Elysées !
Exit les gladii, leurs armes sont les bons mots, les boutades au vitriol !
Ces gladiateurs, ce sont les Hommes et Femmes politiques !

Bel ouvrage cet Elysée Circus de Garrigues et Ruhlmann, qui retrace toutes les élections de la Ve République de la première en 1965 aux préparatifs de la dernière en date (2017). Les attaques et leurs répliques cinglantes s'échangent à nouveau, mises en scène comme de vrais duels de caricatures, un délice de trouvailles, de jeux de mots et d'allusion et de méchancetés.
Une bonne occasion de (re)découvrir les étapes majeures de la Ve République, de tisser des liens entre les candidats d'époques très éloignées les unes des autres: quand Macron pastiche Lecanuet, Mélanchon Marchais et Hollande lui-même.

Les bons mots mis en gras restent gravés dans les esprits, tandis que leurs sources ne s'imposent pas lourdement en se dissimulant en fin d'ouvrage, par notes interposées.
Un chapitre / Une élection, le format parfait, qui permet de titrer les différents Shows politiques.
Autre excellente idée en guise de bonus, un tableau des différentes élections avec ses candidats et leurs positionnement politique. Dommage qu'on y note tant d'erreurs (Bouchardeau précoce d'un septennat, Olivier Besancenot rebaptisé Alain) !

On pourra sentir percer une insensible prise de parti à gauche, notamment au détour des descriptions de débat décisifs entre Sego/Flanby vs Sarko où les véritables erreurs rhétoriques ont été gommées pour "synthèse" (Quid des sempiternels "partenaires sociaux" en réponse à toutes les questions de Sarkozy par Ségolène Royal ? Quid des zigzag pédalage/rétro-pédalage de Hollande caché sous sa désormais célèbre anaphore ?).
La conclusion qui cherche à redorer le blason de la scène politique moderne et de son goût pour les bons mots pâtit également de la thèse complotiste d'un "déclinisme ambiant" en totale contradiction avec des bons mots que l'on voit, dans le déroulé, tomber dans la vulgarité dès le couple Chirac et toujours moins élevés chez Sarkozy, Morano, Copé, Royal, Sapin et j'en passe.

Mais que sont ces faibles défauts face au plaisir de renouer avec la force du politique et de ses saillies tout au long de ses 52 ans d'existence ?

Petit conseil pour agrémenter la lecture d'Elysée Circus:
Lire un chapitre par jour en l'accompagnant d'un visionnage des clips de campagnes disponibles sur l'INA pour rendre le tout plus vivant, plus actuel et plus jouissif encore !