L’histoire entrecroise plusieurs quêtes de la Guadeloupe à Haiti, de multiples temporalités, quelques figures, plus particulièrement celles de Babakar Traoré, ce gynécologue solitaire, qui se décide à adopter au décours d’un accouchement qui tourne mal.
Maryse Condé tisse dans cet espace-temps, sa cosmogonie identitaire, avec des retours sur le passé et ses décombres coloniaux, des digressions historiques notamment sur Segou, fief des ancêtres bambaras Traoré, selon un fil conducteur, qui sera celui de l’exil, de la misère et violence endémique.
Elle décrit avec pudeur, l’aridité des existences, nourrie du soft power des songes plus vrais que la réalité ou rendues plus supportables, ou en écho de la mort prégnante, dans ces visitations mystiques des disparus.
L’on retiendra en toile de fond, cette Caraïbe perpétuellement menacée, de la profitation de ses dirigeants et colonisateurs, dont l’ultime razzia, serait celle de « la montée des eaux », laissant « de vagues violettes couronnées d’écume blanche».