Romain est un bon-à-rien de métier. Sa copine, d’origine portugaise, parvient à le convaincre de tenter leur chance à Lisbonne. « Cette conne m’avait transformé en immigré. » Le ton est donné. Pour son premier roman, Olivier Maulin cultive l’ironie froide, le détachement aristocratique et les formules chocs. Laissé à lui-même, Romain s’ennuie. Mais, il a tôt fait de se faire des amis, une voisine peu farouche, un vieux colonial, lubrique et chanteur de fado et Lucien, grutier royaliste (d’obédience ésotérique et guénonienne) et chamane.
« - Mais pourquoi les gens se suicident-ils ? a demandé Cécile.
Lucien a secoué gravement la tête, l'air de méditer.
- C'est compliqué, a-t-il finalement dit en se tournant vers Cécile. Ça a rapport avec les Tupperware, c'est tout ce que je peux te dire.
Cécile a ouvert la bouche.
- Globalement, c'est parce qu'ils sont coupés de la magie du monde. Tu piges ?
- Non, a répondu Cécile.
- Ils se font chier.
- Moi aussi, je me fais chier, a dit Cécile.
- Ouais, ben fais gaffe alors. Commence par consommer moins et parle aux arbres. »
La première partie est hilarante : on y boit abondamment, on visite la ville de nuit, ses bars et ses rues pavées. La fin déplaira aux esprits rationalistes et aux âmes prudes. Romain partouze et pratique le vol shamanique.