Il est d'usage de considérer que derrière le sourire du clown se cachent les cimes du désespoir, et que la logorrhée de deux mendiants n'est que l'effet bouffon d'une vision sans fard de la condition humaine. C'est tout à fait vrai au sujet de cette pièce, même s'il est tout de même surtout question de folie et de jalousie plutôt que de désespoir de l'homme sans dieu. Néanmoins, je retiens pour ma part les jeux: l'entraînement à la réconciliation, le croquet, les explosions de poubelle, les personnages égarés cherchant leur pièce, les ombres changeantes, etc. On fait grand cas de la double énonciation et de l'intégration des codes et contraintes théâtraux dans les histoires racontées sur scènes, du genre "Oh! Il lui dit à la fois qu'il l'aime et qu'elle doit sortir à la fin de sa réplique, comme c'est habile!". Dans cette pièce, tous les personnages parlent de la crédibilité des scènes ou du rôle qu'ils occupent avec une franchise qui me réjouit, sans ce petit sourire en coin qui dit "Comme c'est avant-garde! Je brise l'illusion théâtrrrrale". Bref, je me suis bien marré, tout en étant, bien entendu, sur les dernière pages, glacé quand le maque du clown tombe.
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