Le narrateur protagoniste est de retour à Medellin, sa ville natale, pour accompagner l'agonie de son frère Dario, atteint du sida et homosexuel comme lui. Leur ancienne complicité renaît et ils se remémorent leur passé familial : une mère tyrannique, un père asservi.
Fernando Vallejo assure une réelle continuité avec ses oeuvres précédentes, autant par les références autobiographiques que par les traits stylistiques récurrents, en particulier une violence verbale qui atteint ici son apogée. La cible de cette diatribe est la mère, surnommée la folle, dépourvue de sentiment maternel, sorte de Folcoche de Bazin. Après avoir engendré une multitude d'enfants, elle crée autour d'elle un monde de chaos et de mort. Cette génitrice au recours permanent à l'injure semble être le modèle qui conduit le narrateur à adopter le même comportement verbal. Ce combat du narrateur contre sa génitrice s'accomplit au travers de l'apologie de l'homosexualité et de la prostitution, antithèse de la folie reproductrice de la mère.
Mais la folie n'est pas seulement familiale, la mère est aussi le symbole de la folie collective de la Colombie : même volonté d'imposer sa volonté par la force, même obsession religieuse à se reproduire, même chaos mortifère. Le roman devient un monologue avec la mort puis une voix d'outre-tombe, autant celle d'un narrateur révolté que celle d'un peuple. Ou comment régler de façon baroque ses comptes avec l'existence, où vie et mort sont un même déterminant.
Tandis que moi quatre nuits