Ce travail est assez exceptionnel. Il s'agissait pour les différents auteurs qui ont participé à cet ouvrage collectif, de développer une vision d'ensemble d'une discipline assez neuve : l'éthique des relations internationales.
L'éthique des relations internationales étudie le poids et l'importance de la morale sur les relations internationales. Pendant près de 300 ans, un courant réaliste avait empêché une telle étude. Les réalistes ne raisonnent qu'au travers de la fameuse "raison d'Etat", ils interdisaient qu'on puisse imaginer étudier de l'importance de la morale sur la scène internationale.
Cet ouvrage réalise très bien son objectif, offrant une très bonne vision d'ensemble à l'exception de deux torts qui peuvent lui être reprochés.
Le premier est une fausse critique, car elle tient au concept même d'ouvrage collectif. Je ne suis pas friand de ces ouvrages. Ils sont souvent répétitifs et décousus d'un auteur à un autre, donnant l'impression d'être une simple juxtaposition d'articles, ficelés maladroitement en un livre. Toutefois la première partie de l'ouvrage est très surprenante. Les 8 premiers chapitres s’enchaînent très biens et les répétitions sont assez rares. Malheureusement les 8 derniers chapitres font très parachutés et nuisent à l'aspect unifié que donnait de la matière la première moitié. Pour m'avoir fait miroiter quelque chose sans finalement me le donner, je me devais de critiquer ce point, même si cela a peu d'importance.
Le second point est beaucoup plus sérieux. Il manque une partie à ce livre. Où est la contre-critique de l'éthique des relations internationales ? Le seul chapitre qui prend à revers le cosmopolitisme est de loin le moins bon de tout le livre. Pire encore, l'ensemble des auteurs sont occidentaux. Ils ne sont pas représentatifs d'une pensée universelle, bien qu'ils la présentent ainsi. Les occidentaux doivent être 1 milliard maximum suivant les Nations qu'on comprend sous cette appellation. Au mieux, un septième de la population mondiale. La morale est une conception nationale, au mieux civilisationnelle. Il est gênant de donner l'illusion d'une éthique universelle, pour quelque chose qui ne l'est très certainement pas. Il aurait fallu inviter un professeur asiatique, africain, arabe et/ou sud-américain, pour apporter une critique surement très vive, sur une conception très occidentale, qu'on pourrait taxer de faire le jeu voire d'être néo-conservatrice.
C'est le gros manque de ce précieux travail, qui n'en reste pas moins tout bonnement excellent, mais ne décrivant qu'avec un seul projecteur un domaine voué à gagner en importance.