Ethnologie de la forme-camp de Sangatte par Daline

Sangatte. Dans toutes les consciences, un terme qui résonne, une appellation aux multiples connotations. Mais Sangatte, c'est d'abord un Centre d'accueil et d'urgence humanitaire de la Croix-Rouge française où plus de 76 000 étrangers en situation irrégulière vont transiter de l'été 1999 à fin 2002. Une porte, sur le sable de la Manche, qui figure comme une sorte de camp ouvert où se gère quotidiennement une situation d'exception : le passage répété de chercheurs d'asile pour qui la France ne représente qu'une étape migratoire. « Entreprendre l'étude d'un espace comme Sangatte est une démarche périlleuse tant ce lieu semble connu de tous, presque familier », avoue d'emblée Henri Courau, l'auteur de cette ouvrage. Engagé à plusieurs reprises comme volontaire expatrié en Honduras, au Kosovo ou encore en Indonésie, il décide, de retour à l'université pour un doctorat en anthropologie, de mettre son expérience à profit et de s'interroger sur le fonctionnement des organisations auprès desquelles il s'était engagé. Autant dire que ce projet de recherche a germé de son insatisfaction face aux critères des mesures d'urgence mises en place par les ONG. Mais, « Si jusque-là, j'avais l'habitude de placer les camps dans des zones de conflits ou de catastrophes naturelles, la situation de Sangatte était différente : sorte de camp ouvert, loin des zones sinistrées, accueillant des hommes et des femmes présentés comme errants. Interroger la présence de ces hommes et comprendre les agencements relationnels et matériels qu'ils mobilisent on donc été les lignes directrices de cette recherche ».
Pour réaliser cette enquête, le chercheur se porte spontanément candidat auprès de la Croix-Rouge française en janvier 2002. En plus d'une observation à découvert permise par son poste de médiateur-interprète, il n'hésite pas à se mêler aux résidents, une couverture posée sur les épaules. Ainsi, dans Ethnologie de la Forme-camp de Sangatte, Henri Courau interroge la vie quotidienne d'hommes reçus dans un camp humanitaire et tente de comprendre les agencements relationnels et matériels qu'ils mobilisent afin de réaliser leur projet d'exil. A partir d'une ethnographie du phénomène de Sangatte, il dissèque l'ensemble des éléments en réseaux qui ont constitué le lieu. Le schéma interprétatif utilisé permet de poser un ensemble de questions globales sur les conséquences des politiques migratoires, notamment sur la formation de réseaux illégaux de circulation des hommes. « Le présent travail a donc pour finalité, pas tant de témoigner à la place des résidents des situations qu'ils ont vécues, mais d'inscrire les particularités de ces hommes et femmes, la spécificité de leur douleur et de leur joie dans la compréhension plus globale d'une organisation de circulations qui les transcende, mais dont ils sont les révélateurs et à qui, pour cela, l'on doit leur rendre hommage ». Si l'auteur s'attache à un dévoilement des responsabilités des acteurs et des effets, il veut également donner lieu à des espoirs et ouvrir à des possibles allant bien au-delà de la situation de Sangatte, « en montrant les constantes ressources des hommes et des femmes qui soumis tant à des pressions physiques que morales , poursuivent la réalisation de leur projet ».
Daline
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 19 mai 2010

Critique lue 132 fois

Daline

Écrit par

Critique lue 132 fois

Du même critique

Ethnologie de la forme-camp de Sangatte
Daline
8

Critique de Ethnologie de la forme-camp de Sangatte par Daline

Sangatte. Dans toutes les consciences, un terme qui résonne, une appellation aux multiples connotations. Mais Sangatte, c'est d'abord un Centre d'accueil et d'urgence humanitaire de la Croix-Rouge...

le 19 mai 2010

Marianne et Allah
Daline
8

Toujours cruellement d'actualité

« Et si le "communautarisme musulman", unanimement dénoncé aujourd'hui en France, était moins le produit d'un supposé activisme islamique que celui des responsables politiques français ? ». La...

le 19 mai 2010

Droit d'asile, au non de quoi
Daline
8

Témoignage d'une salariée de l'Ofpra

« J'ai toujours eu beaucoup d'empathie et d'admiration pour les migrants. Pour ces personnes qui ont fait le choix de partir de chez elles, de quitter leur famille, leur maison, leur pays, leur terre...

le 19 mai 2010