On a beau nous refaire souvent le coup de la mythologie grecque revisitée minou tu sais quoi ? ça marche. Ou alors c'est moi qui suis un peu trop client, mais je plonge dedans comme si je me fardais une Odyssée que j'avais jamais lu (j'ai jamais lu l'Odyssée mais un jour je le ferai).
Lu très peu de temps après son essai sur l'art et la relation aux autres (Connexion, éditions de l'Olivier), ce nouveau recueil de Kae Tempest renoue avec ce que l'auteur manie avec des uppercuts de grâce, la poésie.
Le premier poème s'inspire donc de Tirésias, figure aveugle et pourtant lucide sur le monde à voir tel qu'il est. Pris entre une bataille de cul entre Zeus et Héra, les réduisant à ce qu'ils ont de plus mauvais en eux ; l'humain. Tirésias qui après avoir séparé deux serpents passe d'une enveloppe physique de jeune adolescent à celui de jeune adolescentE. Boum (il m'en fallait pas plus tu sais).
Mais Kae aime la nature humaine et c'est au travers de ces poèmes qu'il embellit ce qu'une majorité trouve dégueulasse - la plupart du temps leur confrontation avec les minorités.
On en sort sonné. Ça tombe bien, la poésie de Kae est aussi sportive que musicale. À trop côtoyer la mythologie (parce que ce n'est pas sa première fois), il faut s'attendre à devenir pythie.
Sans vouloir ignorer le travail de la traductrice, si vous le pouvez, lisez ce texte dans sa langue originale (pas besoin de chercher très loin, l'édition propose une page VO/ une page VF) ; plus intense encore, un slam renversant qu'on aurait envie de sampler sans jamais s'arrêter).
Encore ! parce que c'était vraiment (trop) bon !