Laisser sa chance à un écrit qui sort d’une résidence n’est pas forcément chose évidente. Tout féru de lecture et d’écriture le fera, car les circonstances qui ont mené à dérouler les mots sont tout de même spéciales, bien que finalement anecdotiques si l’on tient juste compte de l’objet-livre que l’on manipule.
Se prêtant à l’exercice, Alexis Ragougneau ne fait pas dans la demi-mesure, puisqu’il est inévitable de penser qu’avant d’accoucher de cette maïeutique crasseuse, il a bel et bien sondé les abysses dégueulasses qui nourrissent la dialectique peu évidente entre miséreux, forces de l’ordre et justice.
Par contre, une certaine lenteur de l’intrigue est parfois un peu compliquée à gérer pour le lecteur, qui se trouve imbriqué dans 2 histoires parallèles (qui ont certes leur symétrie) mais qui, en se détachant trop l’une de l’autre par les longueurs textuelles, désolidarisent totalement les premières pages époustouflantes du reste.
A titre personnel, et d’ailleurs parce que tous les polars n’ont souvent pas cette profondeur sociale, chapeau tiré à l’auteur, parce ce que s’il n’avait jamais été immergé ou étudié en profondeur la condition des SDF, nous aurions totalement survolé la question avec son livre. Or, ce n’est pas du tout le cas… Finalement, bien que ce que le récit rappelle les co(r)des du roman policier, il nous happe vers quelque chose d’autrement plus fondamental, qui touche concrètement aux droits de l’homme et plus modestement, à la condition de chacun d’entre nous.