Fascisme français par Yananas
L’ouvrage de Pierre Milza nous plonge dans l’histoire de ce débat historiographique passionné – et passionnant – qu'est l'existence d'un fascisme en France en prenant le pouls de toute l’histoire de l’extrême-droite, de Boulanger à Le Pen, et en avançant que finalement, le fascisme ne sera resté, en France, qu’une virtualité. Ce livre intervient à un moment où les diverses attaques frontales des historiens étrangers avaient conduit plusieurs des historiens issus de la FNSP à ajuster la thèse immunitaire à la critique. Milza nous explique que la tendance fascisante est demeurée marginale, hétéroclite et inachevée, en partie parce que les velléités expansionnistes et belliqueuses, aussi bien que la présence d’un chef charismatique, n’étaient pas réunies. Surtout, pour que le fascisme puisse prendre racine, il aurait fallu qu’une situation aussi catastrophique que celle de l’Italie ou de l’Allemagne eût été présente dans l’Hexagone. De même, il n’y eut pas, comme dans les deux pays précédemment cités, de mouvements de masse fascistes… Le seul qui pourrait venir contredire la règle est le Parti social français du colonel de La Rocque, mais il renvoie bien plus au « christianisme social patriotique » qu’au fascisme. Ainsi, Pierre Milza met en exergue l’influence de deux traditions indépendantes du fascisme : une tradition ligueuse, volontiers « nationale-populiste », et une autre d’ordre contre-révolutionnaire, faisant de la France un terreau propice au maintien d’une culture politique autoritaire.