On doit à l’explorateur Hiram Bingham la découverte de la cité Inca de Machu Pichu, lors d’une expédition en 1911. L’homme, qui se définissait comme un explorateur plutôt qu’un archéologue, parvient à établir le plan de la région et les voies d’accès au site. Sa découverte fut retentissante à l’époque, d’autant qu’elle fut publiée par le National Geographic dès 1913. Il publia son récit en 1948 dans Lost City of The Incas, et l’histoire raconte qu’il inspira en partie Georges Lucas pour la création de Indiana Jones.
De cet épisode, Robert Darvel va en tirer ce roman, à mi chemin entre l’aventure pure et le fantastique. Partant du postulat que Bingham s’est soudainement désintéressé de sa découverte après avoir aperçu par hasard une jeune femme faite d’argile et d’osier, très peu vêtue, l’auteur le lance dans une quête éperdue, dont le seul but est de découvrir un passage entre le monde réel et un autre monde d’où sont issues ses mystérieuses créatures, et d’où cherchent à s’échapper depuis des décennies de vieux conquistadors avides de conquêtes, dont l’âme est aussi rouillée que l’armure.
Femmes d’Argile et d’Osier est un roman lent, comme l’Urubamba, rivière qui tel un monstrueux funeste, semble sommeiller tout en risquant de se réveiller à chaque instant. Un roman où la jungle se mérite sous peine de passer à côté de quelque chose, où l’on se croirait dans un film de Werner Herzog, avec un Klaus Kinski halluciné au détour d’un bosquet. Un roman où l’on sent l’odeur lourde de la terre, la moiteur du climat, le cri des oiseaux locaux, et où Popol Vuh joue Aguirre ou Fitzcarraldo. En ce sens, la citation de début est tout à fait justifiée. Puis l’histoire vire au fantastique, distillé par petites touches, avec ces égarées d’Osier qui cherchent à regagner « l’en-deça », accompagnées par une étrange équipée, formée de Bingham, d’un amputé, de poupées et d’un scaphandre ayant pris vie, jusqu’au final qui n’en est pas tout à fait un, mais est-ce l’essentiel, alors que le lecteur navigue dans le merveilleux?
Robert Darvel est l’auteur entre autres de plusieurs aventures de Harry Dickson, et le créateur de la maison d’édition du Carnoplaste, qui présente sous forme de fascicules à l’ancienne des textes d’aventure, mystère, horrifique, série B…avec le charme de la couverture désuète.