Défaite d'un père

Josh Lansky est père au foyer. Scénariste sans scénarios à proposer, il s'occupe de ses deux enfants, Roland, 5 ans, et Maud, 3 ans, pendant que leur mère travaille. Maud est une petite teigne, Roland est atteint d'autisme. Il partage ses journées entre repas mouvementés, sorties à l'école et discussions plus ou moins passionnantes entre parents. Mais quand le soupçon d'une infidélité s'incruste dans l'esprit de Josh, le lecteur va découvrir une journée typique de cette petite famille, maintenant sous l'épée de Damoclès.

Ces 400 copieuses pages nous présentent donc cette journée, à la fois banale et extraordinaire. Josh est un papa méritant, qui ne ménage pas ses efforts pour ses enfants, mais aussi parfois gentillement indigne. L'humour ne manque pas. Mais le quotidien d'un père au foyer ne constitue pas pour autant une histoire d'un intérêt formidable, sans une écriture à la hauteur pour compenser ça. La suspicion conjugale aurait pu apporter plus de corps mais elle n’apparaît qu'en filigrane, comme un enjeu narratif ajouté pour donner un peu d'épaisseur.

La recette a d'autant plus de mal à fonctionner que Josh, comme beaucoup de trentenaires, est un homme la tête dans la pop culture. Américaine, et les quelques notes de bas de page sont bien trop peu nombreuses pour un public étranger, fût-il bercé par cette culture. Il s’agit de citations de séries, de personnalités ou d’émissions qui n’ont pas traversé l’Atlantique. Il est toujours gênant de ne pas avoir la référence mais cela cause un problème supplémentaire puisque Josh s'en sert pour appuyer son propos.

Le roman est une tranche de vie d'une personne, étudiée et disséquée au sein d’une journée. Mais le personnage est bien fade, c’est un père comme on en voit tant, ses déconvenues n’ont rien de bien originales, son regard n’a rien de perçant. On peine à ressentir de l'empathie pour lui. On rit peu. Et la conclusion est implacable, le livre n’a en fait rien à dire.