Leye Adenle a fait une entrée pétaradante sur la scène du roman noir/thriller avec Lagos Lady. Sans être une suite, Feu pour feu reprend beaucoup d'ingrédients de son livre précédent, sans pour autant convaincre, sans doute en partie parce que l'effet de surprise n'y est plus. Mais aussi parce que tout y semble excessif : lynchage, pédophilie, concussion, prostitution, manipulations, fusillades, magouilles électorales : le climat est délétère du côté de Lagos et Leye Adenle ne laisse personne souffler ne serait-ce qu'une seconde, pas plus ses protagonistes que le lecteur, accablé par tant de violence pyrotechnique. Plus nerveux qu'un pou, avec des chapitres très courts et un style rageur, Feu pour feu passe sans transition d'un personnage à un autre (et ils sont nombreux) et multiplie les péripéties. Certainement que le résultat, cacophonique, confus et tonitruant ressemble quelque peu au quotidien de la plus grande ville du Nigeria mais l'auteur aurait pu mettre, de temps en temps, le pied sur le frein, de manière à ne pas se sentir entraîné continuellement dans des montagnes russes qui laissent exsangue et presque heureux d'en avoir enfin terminé. Ce n'est pas le talent d'Edenle qui est en cause mais plutôt sa propension à vouloir remplir son roman jusqu'à la gueule en oubliant de faire quelques pauses pour respirer dans ce marigot aux exhalaisons méphitiques.

Cinephile-doux
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2020

Créée

le 6 juin 2020

Critique lue 85 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 85 fois

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

71 j'aime

13