Dans un futur distant de quelques siècles, les ressources d’eau potable ont drastiquement diminuées et sont contrôlées par l’armée. Dans une Scandinavie sous influence asiatique, Noria, la fille du maître de thé du village, prend la place de son père alors que sa mère est partie enseigner dans une université lointaine. Sur leur terrain est dissimulée une source d’eau pure qui leur permet de faire le meilleur thé de la région, ce qui attire l’attention du nouveau chef militaire local.


 Sous une couverture visant plus le public de twilight et autres romans pour adolescentes que les amateurs de science-fiction, avec un titre français peu attirant (le titre finnois semble être le livre du maitre du thé et le titre anglais est Mémoire de l’eau), se cache un roman de science-fiction original. Dans ce monde en pleine décomposition, bouleversé par la montée des océans, l’eau est la ressource la plus précieuse. Mais à la différence de Mad Max, un régime autoritaire (on ne voit guère que l’armée comme représentant de l’état au long du récit) maintient un semblant d’ordre, traquant et exécutant les trafiquant du précieux liquide.
Au milieu de cet environnement riche, la romancière ne nous livre que la vision de sa narratrice, jeune fille un peu naïve de la campagne, dont le monde tourne autour de ses parents et de sa meilleure amie. Et c’est certainement l’aspect le plus frustrant de Fille de l’eau : ce monde futur, à la conception soignée, au fonctionnement politique intriguant, n’est vu que par le petit bout de la lorgnette. Une fois cette frustration passée, on pourra néanmoins apprécier les points forts du récit : un personnage central réussi, subissant le passage à l’âge adulte avec la disparition de ses parents et la reprise de l’activité paternelle, aux prises avec un cas de conscience (que faire de cette source secrète alors que les habitants du village boivent une eau polluée ?).
Malgré un style un peu lourd ne collant pas vraiment avec l’éducation de la narratrice et la frustration de ne pas en découvrir plus sur son univers, Fille de l’eau est un livre prenant, renouvelant un sujet maintes fois traité. Premier roman d’Emmi Itäranta, écrit en parallèle en anglais et en finnois, sélectionné à de nombreux prix, dont le Philip K. Dick et le Arthur C. Clarke, il nous fait découvrir avant tout une auteure prometteuse.
rmd
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le 2 mai 2015

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