Gros coup de cœur pour Frère d'âme, ritournelle macabre qui se déroule lors de la première guerre mondiale , celle des tranchées et des tirailleurs sénégalais.
Alfa Ndiaye , dévasté de n'avoir pu accorder à Mademba Diop " son plus que frère" mourant son dernier souhait : être tué par ses mains et l'achever, commence à collectionner les mains décapitées de l'ennemi aux yeux bleus. Trophées qui firent de lui un soldat effrayant , puis fou aux yeux de ses compagnons. Il prend les allures d'un monstre , mais aussi celles d'un antihéros désespéré. Sur cette " terre à personne" où toutes les pensées sont permises , le sang écoulé n'est que l'encre qu'a utilisé l'Homme pour formuler son destin. Dieu en est dispensé.
" Diop est mort. Je crois avoir compris que ce qui est écrit là-haut n'est qu'une copie de ce que l'homme écrit ici-bas. Par la vérité de Dieu, je crois que Dieu est toujours en retard sur nous. Il ne peut que constater les dégâts"
La voix d'Alfa, ou ses voix puis-je dire , nous narrent un récit humain où la violence est quotidien.
"Je te jure que je ne sais pas encore qui je suis. Je ne peux leur dire ce que ce je ressens. Je crois en regardant mes bras comme des troncs de vieux manguiers et mes jambes comme des troncs de baobabs que je suis un grand destructeur de vie. Je te jure que j'ai l'impression que rien ne peut me résister et que je suis immortel, que je pourrais pulvériser des rochers rien qu'en les serrant dans mes bras. Je te jure que ce que je ressens ne peut-être dit simplement : les mots pour le dire sont insuffisants. "
Tellement ravie aussi qu'il soit le choix Goncourt Algérie , faisant partie du jury , je n'avais qu'une attente : celle de le voir gagner.