Une rareté : un Vollmann décevant, qui fait pourtant subtilement effet.
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le 10 août 2012
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Quelques semaines seulement après le séisme suivi d'un tsunami suivi d'une contamination nucléaire, William T. Vollmann prend son courage à deux mains et s'envole pour le Japon. Suivant sa veine de reporter (celle qui nous a dû Pourquoi êtes-vous pauvres ou l'immense somme Le livre des violences et une partie de ses reportages annexes publiées sous le titre Le Roi de l'opium et autres enquêtes et Tout le monde aime les Américains), le romancier américain nous fera vivre durant ce court reportage (à peine moins d'une centaine de pages) ses préparatifs au voyage, son voyage à travers plusieurs villes du Japon, en cercles concentriques se rapprochant au fur et à mesure de la fameuse zone interdite.
Ne cherchez pas ici la moindre information statistique sur les dégâts causés par la catastrophe ou le moindre point de vue politique sur la question épineuse du nucléaire. Vollmann se contente, à son habitude, de décrire avec un certain brio son quotidien de "reporter" (entre guillemets vu qu'il n'est pas envoyé là bas par une quelconque mission journalistique autre que sa curiosité naturelle). Les passages les plus drôles se situent au début quand, avec un humour pince-sans-rire le caractérisant, il tente de comprendre quelque chose aux différentes mesures de radiation qui existent (les sieverts/milisieverts et les rems/milirems) et de s'équiper pour cette aventure, entre numéro de Sciences et vie junior pour les Nuls et portrait de l'auteur en Tintin des temps modernes.
Ensuite, il s'agira principalement de voyager à travers le Japon, depuis Tokyo jusqu'à la zone interdite, pour rapporter ce qu'il s'y passe (c'est-à-dire, concrètement, pas grand chose) et rapporter également quelques témoignages toujours très intéressants et parfois poignants de personnes touchées par la catastrophe, qui confirmeront l'incroyable stoïcisme japonais (aucun des interrogés ne semblera se plaindre beaucoup de son sort, certains en sont mêmes ahurissant d'humilité alors qu'ils auraient de fortes raisons de se plaindre) et parfois une confiance presque inébranlable en leurs autorités, saupoudrée d'une légère inquiétude quant à ce qu'il va se passer ensuite. On sent assez clairement leur ignorance complète sur le sujet du nucléaire, certains ne semblant se rappeler qu'à peine Hiroshima et Nagasaki (ce qui a pour don d'étonner Vollmann à chaque fois, lui qui, en homme occidental, fait directement ce parallèle). Le vocabulaire utilisé est d'ailleurs significatif de cette ignorance mêlée de crainte : les personnes interrogées, tout autant que les officiels rencontrés, ne parlent jamais de "zone irradiée", mais de "zone contaminée". Il est d'ailleurs en ce sens heureux que Vollmann n'ait pas fait ce reportage en qualité de reporter ou de journaliste officiel puisqu'il nous montre là le côté caché, transversal de la catastrophe, celui de la population touchée et loin des discours officiels policés des autorités japonaises ou de celles de la Tepco.
Toujours accroché avec une certaine inquiétude à son dosimètre (qu'il consulte de plus en plus souvent en s'approchant de la zone interdite), Vollmann ira même jusqu'à faire une petite marche dans cette fameuse zone, accompagné de sa traductrice, d'une habitante du coin et du conducteur de taxi qui les accompagne, "juste pour se vanter de l'avoir fait". Rien, encore une fois, d'héroïque de sa part, toujours la même sorte de banalité dans son approche de l'extraordinaire. C'est bien pourquoi il a demandé que son essai intitulé au départ d'un titre un peu tape-à-l'oeil, ce Dans la zone interdite, soit renommé d'un plus poétique Quand le vent souffle vers le sud.
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le 22 mars 2012
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