Chasser ou être chassé: relations familiales tendues et chasse au cerf

Au cours de la traditionnelle partie de chasse avec son père, son grand-père et un ami de la famille, au cours de laquelle il doit tuer son premier cerf, le héros préadolescent abat un braconnier. Mais loin de culpabiliser ou de ressentir l'horreur de son acte, ou même de la honte, il est excité et ressent pleinement l'ivresse de la chasse et le plaisir de tuer.
Les trois adultes doivent alors composer avec leur propre ressenti, la peur d'être complices et leur horreur devant la conduite du garçon. Leur groupe vole rapidement en éclat alors que le grand-père, figure tutélaire inquiétante et implacable, appelle au sang et à la mort de l'enfant-monstre en réparation, justifiant l'injustifiable.

Le cycle de la violence est au centre de cette histoire: 3 générations réunies par le désir de tuer, le cerf comme simple prétexte. L'enfant, entraîné dès son plus jeune âge dans la spirale des armes et de la chasse ne voit même plus la différence entre bien et mal, l'humain se substitue à l'animal, la mort ne représente plus rien de concret. Il ne prendra la mesure de son acte qu'à la fin, lorsque toute forme de retour sera rendu impossible par la lutte entre son père (qui tente de le protéger malgré son dégoût de son geste, qui représente la vie qui peut continuer malgré tout et une forme de protection) et son grand-père (allégorie de la mort implacable et inévitable, réclamant le sang pour le sang, banalisant le meurtre et la violence).

Il y a une violence terrible dans les actes, dans les descriptions également (notamment une scène de chasse et de dépeçage d'un cerf en forme de rite de passage pour l'enfant, dans toute son horreur, sous le regard des adultes) mais surtout, la violence est psychologique. Malgré la présence d'un cercle familial dans cette histoire on n'y trouvera aucun amour filial, la figure du grand-père est tyrannique et inspire la terreur, celle du père est indécise et faible et n'inspire que mépris à son fils.

C'est inspiré des propres souvenirs de l'auteur (comme dans chacun de ses romans) et c'est sans doute pour cette raison qu'un se sent proche de l'enfant et de son cheminement de pensée alors qu'il prend petit-à-petit la mesure de son acte: on est horrifié par son attitude mais devant la description de ce qu'il vit, des armes qui lui sont distribuées depuis son plus jeune âge, de l'importance de la chasse et de la mort dans son éducation, on comprend qu'il était presque inévitable qu'un drame arrive. Les adultes alors, qui veulent le punir, deviennent les véritables coupables.

=> la tension est terrible, la virilité exacerbée, la violence permanente.
Laura_Jiesté
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le 30 juil. 2014

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Laura Jiesté

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