Danse noire par Laura Jiesté
Un célèbre réalisateur au chevet de son amant mourant entreprend d'écrire le film de la vie de son amour, de ce qui l'a construit et amené à ce point de sa vie en remontant jusqu'au grand-père irlandais en passant par la mère indienne, brassant près d'un siècle d'histoire de l'Europe et du Nouveau-Monde, le tout au rythme lancinant de la capoeira, omniprésente et qui fait le lien entre ces générations tourmentées et mal aimées, incomprises, jusqu'au héros sur son lit de mort.
C'est un très beau roman polyphonique, même si l'alternance des différentes langues dans les dialogues (qui sont traduites en note sur la même page) rend parfois la compréhension de certains passages un peu compliquée.
Le point fort du roman, pour moi, tient au narrateur extérieur (le réalisateur), au regard à la fois critique et très tendre, qui partage ses sentiments (émotion, colère, perplexité) avec le lecteur.
L'histoire d'amour également est très belle et bien amenée, à la fois au centre de l'histoire puisque que c'est elle qui motive le récit, et en même temps traitée avec pudeur et jamais mise au premier plan.
Je suis personnellement toujours intéressée par les romans de Nancy Huston qui a une voix vraiment originale dans la littérature francophone contemporaine, et si j'ai pu être parfois un peu déçue de ses précédents ouvrages, j'ai retrouvé avec Danse noire un souffle, une idée qui m'a rappelé Le cantique des plaines, et que j'ai vraiment apprécié.