Quel sacré lascar que cet Ali Tarac. Fondateur de start-ups patenté, il réussi on ne sait trop comment à devenir LA star de la finance de la fin du XXème siècle. Bien sûr, tout cela est inventé, à l'image de sa première entreprise d'un ridicule éblouissant : proposer la gratuité de la téléphonie en échange de publicités qui viennent couper la conversation ! A cause du 11 septembre, on ne sait trop comment sa boîte fait faillite, il est accusé de tout et doit se retirer de la vie publique. Partie II : Ali Tarac est de retour mais reste cette fois-ci dans l'ombre, dans son Q.G. de l'île de Jersey, dans la manche, sur un lopin de terre rescapé de la purge de la première partie. Cette fois-ci, il propose, contre tout sens de l'éthique et des lois et à travers sa nouvelle société New Birth, de changer la vie de millions de personnes à travers le globe, en leur faisant adopter une nouvelle identité et organisant des fausses funérailles si nécessaire, ou autres coups de bistouri facial. Énorme ! Trop gros, passera pas. Les quelques allusions aux autorités qui viendraient foutre le nez dans ses affaires ne sont pas vraiment convaincantes, car tout le bazar est révélé d'emblée dans leurs publicités.
C'est donc une vision assez grotesques que l'on a des start-ups, sans doute vues à travers un verre grossissant. Gratis ne serait-il donc pas une comédie, finalement, ou plutôt une satire ? Très certainement. Mais voilà : on s'ennuie à mourir en lisant le salmigondis des péripéties de Tarac, sans aspérités, auto-réalisatrices et tout bonnement pas crédibles. Mais le plus comique arrive à la fin, où, sur un lit d’hôpital prêt à se faire opérer du cœur à 56 ans, Tarac dévoile à son dernier associé un dossier sur son ordinateur rempli d'idées de start-ups pour plusieurs vies. Ah, Ali Tarac, sacré Ali Tarac ! Le plus décevant là-dedans, c'est qu'on ne sait pas vraiment qui il est. Mais il n'est probablement personne, ou tous les créateurs de start-ups à la fois : sorti de nulle part, allant nulle part. Sacré vide !
Là où Félicité Herzog touche plus, c'est dans l'utilisation de l'effaceur de mémoire de Men in Black, absolument terrifiant, et peut-être, pour une fois, pas si inconcevable que cela : seulement, on voit avec quel manque de scrupules on l'utilise. Et aussi, dans la revente des données des "transitionnés", plus que jamais d'actualité. Une pointe de transhumanisme à la toute fin et on se met à frissonner.
Donc. Bonnes intentions, quelques coups qui font mouche mais une lecture laborieuse et ennuyeuse.