Autriche, fin du XIXe siècle. Le Dr Breuer, confrère d'un certain Sigmund, recueille chez lui une jeune fille en piteux état et au crâne rasé. Elle prétend qu'elle n'a pas de nom et qu'elle est une machine qui doit tuer le Monstre. Dans ses entretiens avec elle, Josef cherche à savoir qui elle est. Benjamin, son commis, enquête aussi dans les bas-fonds de Vienne pour lever le mystère. Il tombera amoureux de la jeune fille et fera naître de sombres sentiments chez son patron. Ennuyée par les manières cryptiques de cette inconnue, la bonne quant à elle est l'observatrice intransigeante et désapprouve ce trop d'intérêt qu'on lui porte.


Quelques décennies plus tard, en Allemagne. Krysta est une enfant quand sa mère se suicide. Elle est à la charge de son père, de sa belle-mère et de ses gouvernantes. Loin d'être un ange, elle leur fait vivre des misères. Des flashbacks lui reviennent en mémoire. Ces réminiscences sont les contes que lui racontaient son ancienne nourrice, contes qui ne se terminaient pas par  « Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants » mais par « Des enfants qui finissent dans la marmite ». Elle a pour complice Daniel, un enfant étrange qui mange des vers de terre. Lorsque son père meurt, elle se trouve enfermée avec des hommes-animaux. L'identité du lieu est flou, le lecteur ne sait pas trop où il est et crée l'angoisse. Dans cet endroit en tout cas, on leur demande de trier paires de lunettes, vêtements et autres effets personnels... Les repas, à défaut d'être réels, sont imaginés, la faim se fait sentir… Il y a des enfants qui partent et qui ne reviennent plus...


Les chapitres voyagent entre Vienne et l'Allemagne. Ces deux histoires sont deux mondes parallèles qui se répondent par effet miroir. On découvre rapidement qu'un lien semble les unir et savoir lequel participe au suspense de ce roman. Durant la lecture, je me suis sentie obnubilée par ce qui reliait les deux histoires. Les pages se tournent avec intérêt mais l'intrigue traîne un peu sur quelques chapitres, quelques longueurs autour des caprices de Krysta par exemple.
Pour Gretel and the dark, l'auteure convoque l'Histoire avec un grand H, les contes, les mythes et montre comment ils influencent l'enfant et l'adulte durant l'existence. Elle imprègne son récit d’une ambiguïté plutôt réussi entre réalité et fiction. La frontière entre réel et imaginaire disparaît, et en fait un roman hypnotisant. D'une manière subtile, Eliza Granville se réfère à la période du nazisme, en particulier au camps de concentration, et au conte Hansel et Gretel, deux thèmes qui partagent un triste dénominateur commun.


Un roman qui nous plonge dans les méandres de l'imagination sous toutes ses formes. Un roman à l'atmosphère sombre, parfois malsaine, mais qui laisse apparaître la lumière grâce à un très joli final.

Vespertine
7
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le 13 mai 2016

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