Ha, Guerre et Paix, ce livre sonne à l'oreille des gens comme le synonyme du GROS PAVÉ ! Vous savez, celui qui est tellement gros que personne ne réussi à en venir à bout, mais tout le monde dit que c'est un classique.
Moi qui ai éreinté Les Misérables et Les chouineries du jeune Wherter est-ce que ce livre d'environ 2000 pages (en édition poche il est en deux volumes d'environ 950 pages) a passé l'examen du temps à mes yeux ?
Ma lecture :
Tout à commencé fin juin 2015 Je savais que j'allais passer de longue vacances loin de ma bibliothèque de quartier et je recherchais un livre pour l'été. Je tombe sur le tome I de La Guerre et la Paix, je me suis arrêté un temps en me disant "je le lirais bien un jour, mais j'aurais jamais le temps cet été." Avant de me raviser et de me dire "ho et puis, merde, qui ne tente rien n'a rien."
J'aurais lu près de 600 pages cet été là. J'ai rendu le livre à la bibliothèque, ai lu autre chose, l'a repris ensuite, l'ai rendu et lu autre chose, ai pris le tome II que j'ai lu en trois fois. Et me voilà plus en février 2016 à 10 pages de la fin du livre... 10 pages que je ne lirais sûrement pas.
Un vrai livre du XIXe siècle :
L'auteur du XIXe siècle veut souvent changer le monde ou se servir d'un roman pour appuyer une thèse. C'est très louable à lui, mais souvent, il fait de l'explication de texte tout au long de son oeuvre.
Récemment, une personne m'avait critiqué sur Twitter parce que je disais du mal des Misérables, avant de m'avouer qu'elle avait sautée les nombreux passages "disgressifs" de Hugo. Ici, c'est pareil, comme le récit est motivé par l'envie de raconter la guerre de Russie par Napoléon et son incidence sur la (haute) société Russe, il est émaillé de passages sur telle ou telle bataille (ce qui peut se concevoir) mais aussi de remise en question de l'Histoire telle qu'elle est racontée par les historiens et de quelques passages sur la nature du déterminisme historique où Tolstoï estime que ça n'est pas les généraux qui sont responsables du sort des bataille, mais une sorte d'esprit de groupe. Dans un sens, c'est intéressant pour quiconque cherche à se pencher sur la philosophie russe ou la naissance des sciences sociales... mais en tant que lecteur, j'ai décroché de nombreuses fois.
Du coup, je ne lirais pas les dernières pages, d'ailleurs, comme TvTropes le précise :
There's an entire second epilogue devoted to tearing down the Great Man of History theory that was in vogue in the 19th century. It comes after all of the plot has been resolved, feel free to skip it considering that Tolstoy is rehashing the exact same argument he made in the book and you've already read one of the longest works of fiction in existence.
Autre chose un peu lourde, les descriptions de batailles sont faites comme si on avait un plan de la Russie à porté de main. Alors, c'est moins la faute de l'auteur que celle de l'éditeur : aux éditions "Le Livre de Poche" ils ont préférés mettre le nom des personnalités russes ayant réellement existés avec une notice biographique en fin de roman. Or, il y a tellement de noms réels mélangé à des noms fictifs, que pour la grande majorité du temps c'est juste indigeste.
En fait, il faudrait, comme dans les livres d'Héroïc Fantasy avoir une carte en début de roman. (Et pas de "ta gueule, t'as qu'à aller sur google map" je rappelle que l'intérêt d'un livre de poche, c'est d'éviter de lire derrière son ordinateur.) La comparaison avec les livres d'Héroïc Fantasy n'a rien d'incongru et je me suis surpris plusieurs fois le parallèle :
- Des grandes familles existant depuis longtemps dont on te présente l'histoire "in média res" au début du roman au point que tu es perdu. Check.
- Des descriptions de bataille avec la vision du général jusqu'au moindre trouffion. Check.
- Un point de vue qui change sans arrêt. Check.
- Pas vraiment de "héros" et des personnages qui meurent au cours du roman. Check.
Non, sincèrement, comparé à Game of Thrones, Guerre et Paix se tiens, les viols et les passages gores et la magie en moins, la sociologie et la discussion historique en plus.
Chose que je ne peux pas dénier, les personnages sont extrêmement attachants. Ok, certains un peu moins que d'autres (Boris, par exemple...) mais Tolstoï arrive à rendre ses personnages très vivants et j'avoue que les russes sont très fort pour cela. Vers la fin du premier Tome, je suis resté complètement scotché aux dernières pages, notamment dans une histoire de rivalité amoureuse à me dire "non, mais elle va pas faire ça.... faut pas qu'elle fasse ça." Et ça m'était rarement arrivé en lisant de la littérature classique.
Alors, certes, maintenant, ça peut faire un peu "saga familiale" mais les personnages sont quand même assez complexe, au point que ça ne dérange pas. J'ai été captivé par certains moments, je me suis marré à d'autres, j'ai rêvassé devant la description d'une balade en traineau, j'ai fait des recherches wikipédia sur tel ou tel fait précisé dans le roman... bref, difficile de dire que ce roman m'a laissé de marbre. Je suis curieux maintenant de voir ce que ça vaut lorsque c'est adapté.
A noter qu'alors que je finissais le roman, la BBC en diffusait une adaptation en série. Étant abonné au fil tweeter de la chaine (pour Doctor Who) je me suis surpris à voir défiler des captures d'écran montrant tel ou tel personnage ou situation du roman que je venais de lire. C'est un peu une anecdote stupide, mais moi, ça me fait sourire.
Bilan :
OUI, "Guerre et Paix" mérite son statut de gros pavé de la littérature et tout n'est pas intéressant. Toutefois, ça reste quand même de la bonne lecture, bien écrite, bien travaillée avec de nombreux personnages captivants.