Jean d'Ormesson fait le boulot de l'académicien moyen : il réécrit les évidences. Le Guide des égarés reprend des questionnements existentiels et leur donne les réponses les plus consensuelles possibles. Après deux ou trois méditations très profondes (lol) sur le Big Bang et l'origine de la vie, semblables à toutes celles qu'on trouve chez tous les "intellectuels" gentils façon Pierre Rabhi, il reprend de grands thèmes philosophes ("La liberté", "le bonheur", "le mal", etc.), façon manuel de philo au rabais, mais dans lequel on aurait fait de bonnes transitions.
On se demande ce à quoi pensait Jean d'Ormesson en écrivant ce livre. Voulait-il faire une introduction à la philosophie pour classes avant la Terminale ? Cela paraît le plus probable à la lecture, car n'importe qui passé par la philosophie en classe de Terminale aura des choses plus intéressantes que lui à dire sur tous les sujets qu'il traite. Mais, quand on sait que son public est essentiellement composé de lectrices du Figaro, cela se complique : qu'est-ce que ces lectrices vont y trouver ? Rien, sans doute ; mais au moins elles seront rassurées d'avoir lu un académicien (il ne fait pas de faute de syntaxe, lui !). Peut-être, tout simplement, qu'Ormesson voulait faire des travaux dans sa superbe villa et qu'il avait besoin d'un peu d'argent pour les financer ... Que sais-je ?
Au moins, il a la décence de garder un style léger, de faire des blagounettes de temps en temps, pour qu'on sache qu'il n'est pas un gros vilain philosophe très sérieux (car, le sérieux, c'est mal) qui aurait des choses à dire. En cela, il se place au-dessus des insipides Méditations de François Cheng ; c'est peu, mais c'est déjà ça.