À défaut d’avoir été un grand succès, Gideon the Ninth fut un roman ayant plutôt bien fonctionné, et dont le concept aura su consolider l’appréciation d’une petite fanbase. Je dois admettre en faire partie, aussi me suis-je procuré ce second tome afin de voir où la plume de son autrice nous mènerait pour cette itération.
Il est toujours compliqué d’écrire une suite. Gideon the Ninth appartenait à cette catégorie de premier tome dont l’histoire se suffit à elle-même, mais avec assez d’éléments « teasés » pour prolonger l’expérience. Harrow the Ninth reprend le concept, change le décor, et évite l’erreur d’avoir une histoire trop similaire au premier livre. Plus de manoir, place au vaisseau spatial capable de traverser le vide spatial, rien que ça !
C’est l’opportunité de revoir certains personnages du premier tome, notamment Ianthe, dont la rivalité avec la protagoniste de ce tome s’avèrera bien construite. On les découvre sous une nouvelle perspective, ce qui renforce l’aspect « complémentaire » de ce second tome. Et c’est surtout l’occasion de découvrir le tant attendu « empereur ». Affirmer qu’il constitue une présence imposante serait un euphémisme tant il s’avère charismatique et terrifiant. Jamais nous ne sommes à l’aise en sa présence, car il dispose d’une aura considérable, de répliques courtes et intenses, et qu’il vaut mieux éviter de se frayer sur son chemin.
Si l’expérience de lecture demeure agréable et originale, je dois avouer que je garde une préférence pour « Gideon the Ninth ». Peut-être est-ce car l’inédit frappait d’autant plus. Quelques confusions m’ont traversé lors de ma lecture ici, toutefois c’était volontaire, et c’est lors du dernier tiers que le roman prend son envol. L’atmosphère angoissante, teintée d’immersion spatiale et d’humour noir, est bien installée au début, mais s’efface un peu face au climax final. Il n’y avait pas d’accident ni d’oubli, contrairement à ce que je croyais : Tamsyn Muir aura bien distillé le suspens, avec sa narration libre et caustique, avec ses références à des chansons du début des années 2000 (on voyait qu’elle était adolescence durant cette période !).
The Locked Tomb s’affirme comme une saga à la hauteur avec ce deuxième tome toujours très bon, quoiqu’un peu inférieur au premier à mes yeux. C’est d’autant plus remarquable qu’il s’agit de la première vraie saga de son autrice, et elle aura mérité de se faire au nom au sein du genre, aussi « pulp » et « restreint » puisse-t-il paraître.