Récompensé par le prix Hugo, acclamé par la critique, et qui reste pour moi une œuvre de dévotion, il ne se passe pas une année sans que je ne relise Les Cantos d'Hypérion et sa suite Endymion et L'Eveil d'Endymion. En environ 2000 pages, Dan Simmons synthétise tous les genres de la SF.
Dans le premier volume, Hypérion, il décompose en 6 histoires qui semblent autonomes, avec un style d'écriture à chaque fois différent, un thème de SF : Extraterrestres, voyage dans le temps, bataille galactique, androïdes, Intelligences artificielles, planètes et écosystèmes...
Dans le second, La chute d'Hypérion, et encore dans un style narratif différent, les histoires convergent, se rejoignent et se complètent dans une Space Opéra grandiose, aussi sublime que Dune, modèle du genre...
Endymion et L'Eveil d'Endymion se démarquent, avec pour le premier un road book qui peut fatiguer à la longue, mais qui se révèle un tremplin pour le dernier, apogée d'un parcours initiatique sur l'homme, Dieu, le rapport de l'homme à la divinité... Enfin, Je m'exalte.
Le plus important dans cette œuvre est qu'il y a toujours quelque chose à découvrir. En fait, je parlerai plutôt de différents niveaux de lectures. J'en ai relevé trois. Le premier est le plus « basique », le fan de SF est comblé : un Space Opéra de luxe, avec un scénario bien ficelé, une narration qui tient en haleine et des personnages charismatiques. La première lecture se fait à ce niveau. Mais on sort du périple avec la certitude d'avoir, non pas manqué, mais à peine effleuré un thème majeur sous-jacent. C'est le second niveau de lecture.
Le rapport homme-Dieu. Je n'ai pas cherché à savoir si Dan Simmons est croyant, ce n'est pas la question. Mais au fil du livre se dessine une réflexion sur Dieu, ce qui fait la divinité. Sans dévoiler l'intrigue, les travaux de Theillard et le dilemme d'Abraham sont les clefs de voute de l'ensemble dans les deux premiers volumes, les suivant approfondissant l'impact de Dieu sur l'humanité en général.
Le troisième niveau de lecture est à mon avis un brin snob, mais une fois qu'on s'y plonge, on n'en ressort pas, le livre est transfiguré. Il s'agit de l'art. En général. De longs passages poétiques peuplent des moments décisifs du livre. A la première lecture, je sautais, en conservant l'essentiel pour suivre l'intrigue. En fait, tous ces poèmes sont de John Keats, Dan Simmons s'est en fait basé sur son poème inachevé : Hypérion... Et ces îlots de poésie donnent du corps à l'intrigue. Chaque acteur du livre est un vers, une strophe... L'idée générale est que l'artiste est le plus proche de ce qu'est la divinité au sens theillardien... Enfin là, je dévoile l'intrigue, ce n'est pas le but.
Bonne lecture.