Tous les écrits ne valent pas la peine d'être publiés. C'est en somme le sous-texte de la préface de ce recueil de notes de voyage écrite par le biographe de Nicolas Bouvier qui nous propose de découvrir un Bouvier "écrivant" plutôt qu'un Bouvier "écrivain". On est prévenu.
"Il faudra repartir" a quelques vertus. Celle de réintégrer l’œuvre de Bouvier dans son histoire personnelle à plus long cours. Celle de nous révéler en creux des éléments de la personnalité de l'auteur. Celle de nous rendre surtout bien plus appréciable son grand œuvre, au regard de la piètre qualité littéraire de ses notes.
J'en retiens surtout que derrière les icônes (Bouvier en constitue bien une dans mon panthéon perso), l'humain déçoit souvent. Ses journaux de voyage retranscrivent un certain dédain des gens et des peuples que rien dans l'Usage du Monde, les Chroniques Japonaises ou le Poisson-Scorpion ne laisse présager. Pire, certaines de ses remarques ouvertement racistes illustrent que derrière l'atemporalité d'une œuvre, il y a un individu fermement ancré dans son époque (en l'occurrence, les années 1950 au Maghreb).
Si j'ai parfois retrouvé le verbe magique du Bouvier que j'aime et j'admire, j'ai donc globalement été déçu par ce corpus, sans intérêt littéraire, sans presque d'intérêt non-plus pour le lecteur-voyageur que je suis (sauf le voyage en Indonésie) et brisant un peu (mais il le fallait) l'image que je me faisais de l'auteur.