Acheté pour soutenir la nouvelle maison d'édition Scylla sans rien connaître des ouvrages, j'ai entamé cette novela, sans rien savoir du thème.
Dans les années 2050, dans une bande de gaza pacifiée après des années de guerre, nous allons suivre plusieurs personnages très différents et pourtant symboliques de la région. Keren, une militaire israélienne venue apprendre l'hébreu aux femmes meurtries par des années de conflit, Jawad qui adapte des prothèses aux même femmes mutilées et deux "personnages" de Gaza, Marwan qui fait des affaires avec les vainqueurs pour le développement économique de sa région et Bassem le fou de dieu pour qui la lutte n’est pas terminée.
Si le "futur" est présent par quelques gadgets quotidiens ainsi que dans les outils de "maintien de la paix" (comprendre, surveillance des populations) il n'est qu'un décor, qu'une marque temporelle. Car dans ce Gaza où il n'existe plus de frontière géographique, la séparation entre les peuples est en chacun des protagonistes. Malgré tous les programmes de l'ONU et tous les moyens matériels mis en œuvre ce sont les mentalités qu'il va falloir changer. Le propos peut sembler simpliste et manichéen mais le texte respire l’honnêteté sans s'appesantir de bons sentiments. Le récit fait preuve d’une délicatesse subtile dans les dialogues et les situations parfois violentes et macabres qu’il décrit, en exposant les blessures personnelles et les tentatives de reconstruction sans faire de généralités.
Une novela qui offre une hypothèse réaliste et glaçante sur Gaza, je lirais un roman dans ce même univers avec envie et curiosité. 7/10
PS : la nouvelle "La Cigarette" à la fin du livre est magnifique et donne un bel aperçu du livre. En téléchargement gratuit ici.