"Incidences" est le premier Djian qui me déçoit légèrement, après une longue suite de romans franchement réussis : c'est qu'en mettant ses obsessions (la littérature comme Art au sein d'un monde dont les valeurs ne correspondent plus...) et son verbe (léger, harmonieux, souvent enchanteur) au service d'un "serial killer" version française, il ne rend service ni au thriller ni à la "littérature", justement. On appréciera certainement son habituel art des ellipses qui créent ici des trous mystérieux au sein d'une fiction assez conventionnelle (un enfant martyrisé devient un tueur), mais il faut bien reconnaître que Djian échoue péniblement lorsqu'il essaye de donner une "voix" aux tourments de son anti-héros, qui ne nous touche jamais, et nous irrite plutôt. Finalement, le "genre" polar n'est pas (n'est plus ?) fait pour Djian, que l'on encourage à continuer à viser plus haut, en tout cas à la hauteur de son (grand) talent. [Critique écrite en 2011]