Du potentiel mais une fin baclée...
Sacha Sperling est l'auteur de deux romans avant "J'ai perdu tout ce que j'aimais", sortie de la Rentrée Littéraire: "Mes Illusions donnent sur la cour" et "Les Coeurs en skaï mauve". Sacha Sperling, narrateur de ce dernier roman, est également auteur de deux romans et la biographie de ce dernier résonne étrangement avec celle de l'auteur. C'est un roman étonnant et intrigant que nous offre ici Sacha Sperling. Où s'arrête la réalité? Où commence la fiction?
"J'ai perdu tout ce que j'aimais" est le premier roman de Sperling que je lisais. Je suis donc partie vierge de toutes références passées mais, après investigations, il se trouve qu'en effet les personnages de ce présent roman sont également ceux de "Mes Illusions donnent sur la cour". Ceux ci, amis de Sacha, sont mécontents du succès de l'auteur après la sortie de ce premier roman en librairie. Ils s'estiment floués par leur ami d'enfance, leurs vies données en pâture à des milliers de lecteurs. Maintenant que Sacha est rentré de son année d'exil, ils comptent bien lui dire le fond de leurs pensées!
Sacha est un personnage très parisien avec des amis très parisiens, un microcosme branchouille bobo argenté qui traine dans des soirées où alcool et drogue coulent à flot. Lui, pas très bien dans ses baskets depuis son retour, va devenir de plus en plus parano à mesure qu'il va mettre de la coke dans son nez et de la beuh dans son tabac. D'autant plus qu'il va commencer à recevoir des sms menaçants de la part d'un expéditeur anonyme qui semble être bien informé sur son passé et son quotidien...
Sacha se sent de plus en plus seul, devient de plus en plus méfiant et hautain envers ses proches et flirte dangereusement avec la ligne jaune. Dans cette période complexe, il va faire la connaissance d'un dealer dans un parc qui va l'aider à solutionner son problème et d'une jeune femme dont il va tomber amoureux. Ainsi entouré, il se sent plus fort et épaulé mais jusqu'à quand?
L'auteur nous présente ici un personnage tourmenté et rongé par les remords. Avec une écriture simple et limpide il sait faire monter la pression et peu à peu le lecteur s'attache à Sacha, malgré ses défauts, et souffre avec lui. Paranoïa, schizophrénie, trahison... Sacha va passer par tous les états et bien qu'ayant deviné pas mal de choses avant la révélation finale j'ai pris plaisir à lire ce roman bien construit et prenant. Jusqu'à un certain point...
Ce point me laissera au final un arrière goût désagréable et un avis en demi teinte. Ce tout petit point tient en quatre malheureuses pages, les quatre dernières (et oui, vous avez bien lu... Les boules!!!). Là où j'aurai aimé que l'auteur aille au bout de son concept et qu'il offre à ses lecteurs un final bien glauque et destructeur, Sacha Sperling donne un grand coup de frein, laisse de la gomme sur le route, fait marche arrière et nous écrit une fin bien fadasse! Pourquoi!? Pourquoi bâcler ainsi une oeuvre qui aurait pu être une petite bombe? Pourquoi prendre ses lecteurs pour des imbéciles en leur expliquant par le menu ce qu'ils ont de toute façon deviné et les priver d'une vraie fin!? Monsieur Sperling, nous pensez-vous à ce point idiots pour que vous sabordiez ainsi toute la construction de votre roman dans les quatre dernières pages en changeant radicalement de cap!? En colère, j'ai terminé cette lecture, en me disant qu'il n'aurait pas fallu beaucoup plus pour que "J'ai perdu tout ce que j'aimais" soit un excellent roman. Dommage...