Sûrement, on aura remarqué mon amour pour le travail du Grand Jacques. Cette année, à Noël, l'homme qui m'aime et me connaît bien m'offre cette biographie d'Olivier Todd. Des biographies de Brel, j'en ai lu quelques unes. Celle-ci pourtant a une dimension particulière.
Tout d'abord, il faut souligner la qualité du style de Todd, qui ne se contente pas d'aligner des faits, ni d'écumer les lieux communs, sa plume a du chien. Son travail - là réside peut-être son originalité - ne s'organise pas de manière chronologique, mais thématique. On retrouve Brel et l'amitié, les femmes, les flamands, la maladie... Et le fait de ne pas voir se dérouler sa vie, mais plutôt de pouvoir appréhender tout Brel dans ses contradictions et ses élans, éclaire différemment les chansons, leurs idées, leur désespoir et leur folle espérance.
Jacques, je connaissais donc ses chansons, sa passion, quelques uns de ses films, son fort caractère, et ma mère me disait, sans pouvoir me le prouver, qu'il était misogyne. Ce livre peint un Brel qui a un problème avec les femmes, la famille, les institutions.... Mais s'il crache sur l'armée, il compte des militaires parmi ses amis, des prêtres, des bonne-sœurs, malgré ce qu'il dit de la religion... Et avec les femmes? Il ne cesse de parler des femmes, de les mépriser ouvertement, mais ne peut se passer d'elles. Toujours, une maitresse, toujours sa femme, Miche, fidèle, ses filles, malmenées mais assez incroyablement compréhensives....
Ce qui ne change pas, c'est son sens de l'amitié. Brel se prend de passion pour les hommes, notamment pour George " Jojo", marin breton qui, jusqu'à ce qu'il précède Jacques dans la maladie, le suivra dans ses tournées et ses aventures. Certains avancent que Brel aurait provoqué le cancer des poumons qui l'emportera (lui ou les quatre paquets de cigarettes fumés chaque soir?) parce qu'il aurait souffert de ne plus monter sur scène, et qu'il n'aurait pas voulu vieillir. La magnifique chanson "Jojo" faisant partie du dernier album de Brel, édité alors qu'il vivait aux Marquises, je me demande si cela n'aurait pas plus été pour rejoindre son ami...