Aujourd'hui j'ai mis deux dix. Soit quelqu'un a réussi (très discrètement) à m'administrer des petites pilules qui font voir la vie en rose, soit je suis une sacrée veinarde.
J'ai toujours cru en ma bonne étoile.
Ce livre, je l'avais dans ma bibliothèque depuis plusieurs années et l'avais commencé, mais m'étais arrêtée aux deux premiers chapitres, un peu ennuyée par ces histoires de Southerners de moins de dix ans qui veulent jouer à la chasse aux fantômes.
Et puis ces derniers jours il se trouve que j'avais besoin de distraction, et que je n'avais en ma possession que deux livres que je n'avais pas encore lu, Les Naufragés de L'Autocar, de Steinbeck, et To Shoot a Mockingbird, de Lee donc. Je n'ai choisi ce dernier qu'avec peu de conviction, surtout parce que ça faisait un moment que je n'avais pas lu dans la langue de ce bon vieux William ( oui on est intimes, les pilules je vous dit..).
J'ai donc tout recommencer depuis le début, et l'âge aidant peut-être ( sûrement) je me suis tout de suite attachée au personnage de Scout, petite fille de six ans carrément garçon manqué, courageuse, forte tête et naïve.
Scout et son grand frère Jem ont une maison à côté de chez eux qu'ils pensent hantée par Boo Radley. Avec l'aide d'un camarade de vacances d'été, ils comptent bien réussir à le faire sortir de là. Et de cette trame toute simple, Harper Lee tire en filigrane le portrait d'un Sud vu par les yeux d'une enfant, l'occasion pour lui de dépeindre les problèmes raciaux comme étant quelque chose d'absurde : Scout répète ce que tout le monde autour d'elle dit, mais quand il faut agir, elle agit selon son cœur ( pardonnez la sensiblerie de mon expression, je mettrais la main sur celui ou celle qui m'a fait plongée chez les bisounours).
Bon, essayons de ne pas trop révéler la trame de l'histoire.
Le style également vient en aide aux visées de l'auteur. Naïf, puisque Scout est la narratrice, drôle, elle dit à nous lecteurs, des choses qu'elle ne comprend pas forcément, mettant ainsi pour nous en relief l'absurdité de certains comportements, la bêtise des gens, de la société, mais aussi l'espoir qu'on peut avoir que tout ça change.
Le tout forme un ensemble tendre, émouvant, drôle, remuant, et contrairement à ce que j'ai pu lire dans certaines critiques, le fait que ce soit une petite fille qui raconte tout ça donne une autre dimension à cette histoire que celle qu'elle aurait eu racontée d'un autre point de vue : elle met en exergue l'absurdité du racisme et de la haine, des préjugés et des médisances , quand un point de vue plus mature aurait été beaucoup plus concret et politique, et du coup, moins général, et universel, peut-être.
ERRATUM : Kapower m'a fait remarqué à juste titre qu'Harper Lee était une femme. Mea culpa pour elle!